Un texte, une image, vous plait ? Vous souhaitez l'emporter et le partager pour votre plaisir personnel ? Pensez à l'auteur : n'oubliez pas l'endroit où vous l'avez trouvé, ni le nom de celui ou celle qui vous a offert du plaisir... et laissez un petit mot. Les auteurs aiment savoir que leur travail intéresse.
Vous souhaitez en savoir plus sur l'UERA ? Sur un auteur en particulier ? Visitez le site internet uera.fr
, le blog infos de l'association, ou les blogs personnels (liens à droite).

Tableaux en attente d'écrits UERA

vendredi 28 juin 2013

Balade en éclaireurs à Saoû



Dana Lang vous conte la découverte de Saoû avec son compagnon Maurice Janin.

Maurice comme on le sait est un être hors norme, un ovni comme j’aime à le répéter. De par sa profession, il est en outre, pour moi, le génie du logis mais ce que l’on sait le moins, c’est que c’est un ogre ! Par sa formidable boulimie de vie, par sa vision du monde il ne fait jamais les choses à moitié ; par les choses quotidiennes comme l’envie d’avoir une brouette, mais pas une simple petite brouette, non, une grande, une énorme, une géante brouette. Elle s’appelle Viviane.

–Comme la fée, évidemment ! lui dis-je.

Et pour la trouver à trois francs six sous, un prix défiant toute concurrence, nous devons nous rendre à Montélimar !

–Mais tu sais, le village de Saoû se niche pas très loin de là et nous pourrons aller y faire un tour, si tu veux ! rajoute-t-il pour me séduire.

–Alors soit, allons-y !

Il flotte dans l’air comme un petit goût de vacances. Une envie de départ, un besoin de Bretagne… mais, il ne faut pas rêver, nous ne pourrons pas nous y rendre.

Tout à nos pensées nostalgiques, nous filons via Saint-Étienne, Valence, Montélimar. Après la route prise hier en direction de Vichy dans l’Allier pour une visite ophtalmologique et la destination sur Lyon pour la réunion de l’UERA et le retour chez nous, nous sommes de grands voyageurs. Du reste, nous avons eu le plaisir d’emprunter et de découvrir enfin la nouvelle autoroute remarquable entre Roanne-Lyon qui nous a émerveillée par son audace. Nous y avons traversé trois tunnels, dont l’un des plus grands d’Europe après le Mont-Blanc, Fréjus et sans doute aussi celui de la Manche, de très nombreux aqueducs avec une traversée au-dessus de Tarare et l’Arbresle sans être vus des riverains, ce qui représente un véritable exploit technologique.

Il fait un grand beau soleil sur la route. Nous abandonnons le 7° de ce matin chez nous, ce mercredi 27 juin, pour trouver 24° sur la route du midi… un petit goût de vacances se ramène… les cyprès de Florence longues sentinelles dressées contre le vent… le mistral nous malmène… nous croisons la colonne du Tour de France, ses caravanes publicitaires en partance pour la Corse. Et puis, plus loin, les quatre cheminées de Cruas avec ce bel enfant qui joue peint sur l’une d’elle comme une provocation ! Je frissonne. Je pense à Severn, aux si beaux films de Jean-Paul Jaud, à Marc Wallerand et son tableau… à mon texte « Cruas, cruel défi »… puis notre destination Montélimar où partout sont plantés des lauriers fleuris en cette saison roses, rouges, blancs. Nous trouvons l’adresse. La bécane livrée nous est chargée et en route pour Saoû… mais avant, un petit tour à la pompe.

Après trente kilomètres, nous nous engageons sur une jolie petite route vallonnée étroite par endroits mais qui surplombe les gorges d’une claire rivière, est-ce la Drôme, oui, sans doute. Puis doucement, nous approchons des montagnes du Vercors. Elles s’élèvent au-dessus du pays diois dans la Drôme, au-dessus de Saoû. De ces montagnes, des blocs de rocs impressionnants débaroulent au pied de ce village pittoresque. Nous pénétrons dans l’enceinte de ce lieu charmant pour y trouver planter là au beau milieu de la place « L’Oiseau sur sa Branche », ça coule de source, sa terrasse étalée sous les arbres et sa petite fontaine. Nous nous garons, faisons quelques photos et cèdons à cette tentante invitation d’aller prendre immédiatement une collation.

–Bonjour Monsieur, que désirez-vous ?

–Pour moi, ce sera un Coca !

–Non, Monsieur, ici nous ne servons pas de Coca ! Pas de boissons américaines ! Nous ne sommes pas des capitalistes ! Nous servons de la limonade… des sirops artisanaux… des…

Ben évidemment, il y a des mots qu’il vaut mieux ne pas prononcer ! Nous rions. J’aime les rebelles ! Jacques nous avait prévenu.

–Avez-vous un café glacé ?

–Oui, un café-lait-glacé-frappé avec un peu de sirop d’orgeat !

–J’aime beaucoup le sirop d’orgeat, mais pour moi, je l’éviterai !

–D’accord  alors, mais avec une petite pointe de sirop d’orgeat pour garder le goût !

Arrive un café au lait aux glaçons avec une pointe d’orgeat… pas un café à la crème glacée ! Pas de crème à l’américaine ! Je souris. Décidément, il me plaisent. Nous en sommes là, à siroter nos cafés-laits-glacés-frappés-glaçons quand viennent à passer deux ânes, deux femmes marchant à leur côté et un père de famille et son enfant attifés à la va-y-comme-j’te pousse, affalés sur l’arrière d’une carriole, plongés dans une zenitude à faire pâlir un bouddiste.

Nous sourions… et puis, à dix huit heures, des gens s’installent derrière nous. Des personnes commencent à déballer. Elles prennent leur temps. L’un ses plantes, un autre ses aulx, une petite productrice ses légumes, le boulanger son bon pain au levain, aux raisins, Monsieur le Maire étale ses fromages de chèvre, puis arrive le marchand de poulets, celui des pâtés. Ni une, ni deux, avant de repartir, nous voici occupés à faire notre marché. Nous achetons un bouquet d’ail tout frais, des fèves à mourir de plaisir dont on peut faire une soupe avec les cosses nous rappelle la vendeuse en me glissant la recette imprimée sur papier, des salades croquantes à souhait, des pommes de terre nouvelles, de petites courgettes fraîches et luisantes, puis du pain lourd de levain et les fameux picodons embaumés de Monsieur le Maire. Nous échangeons quelques mots avec lui. Nous dissertons avec le marchand d’aulx. Il nous parle des activités culturelles du village… ses concours culinaires avec le 26 mai « Le Picodon dans tous ses états » et pour enfants le « Spécial Dessert », ses concerts avec le 25 mai « Lune pleine de Jazz », son Festival du 22 juin au 20 juillet « Saoû chante Mozart », le 21 juillet sa Fête du Picodon « Picodon, Picodon tu m’as rendu marteau », sa Foire aux fruits d’hiver le 17 novembre, certainement inoubliable avec sa soupe au lard…

Les dires de Jacques ne sont pas surfaits. Nous avons bien affaire à une équipe de fadas (êtres frappés par les fées)… et je ne peux m’empêcher de faire le parallèle avec Saint-Beaulize-sur-Irondelle, dans le Larzac ; là, où vit ma fille aînée, depuis quelques années, quand les irréductibles sans eau, ni électricité de ce beau village classé se promènent avec une brouette et un capteur solaire, autour de leur maison en suivant le soleil, afin d’alimenter en énergie leurs batteries pour pouvoir suivre la télévision !
La vraie vie, quoi ! 

Par Dana LANG, le 27 juin 2013.

L'UERA, avec l'association "Musique et théâtre sous le tilleul", fait son festival à Saoû : Ecriture, Théâtre et Compagnie les 6 - 7 - 8 septembre. Y serez-vous ?

Saoû s'évoque aussi en poésie sous la plume de Christian Bellegueulle : cliquez ici !
 

mercredi 19 juin 2013

Un parc, une ville, des réflexions

L'attente 

J’attendais, quoi, je ne sais pas. C’était un jour de printemps. J’étais dans un parc assis sur un banc. Un besoin immense et irrésistible de flâner me dévorait de l’intérieur. Que sais-je ? Quelqu’un ou quelque chose m’avait donné rendez-vous au palais du hasard et du destin. Qui est-ce ? Une personne proche, un inconnu, de nouvelles amitiés en vue ? Qui peut juger ? Qui peut prévoir ? Dieu peut-être ? Comment voulez-vous que je le sache ! 

Je regardais au loin les circulations routières, parfois fluides, parfois encombrantes, le flot gigantesque du nombre de voitures, camions et motos, ne cessant d’augmenter chaque jour. J’observais avec indifférence cette marée polluante, leur vitesse fantastique, le tout, toujours en croissance de vie et de mort.
Je lisais sur les visages des passants pressés, dans la rue, par leurs activités, une peur indicible et confuse en cas de manquement à leurs devoirs ou à une règle qui selon eux était primordiale.

Tout le peuple était en mouvement continu ! Tout le monde se sentait poussé par l’accomplissement d’actes communs, le besoin de se nourrir, d’étudier, le travail professionnel, la famille… Chacun avait un objectif à atteindre. Tout était réglé et minuté pour chaque citoyen. On dirait le parcours du combattant ! C’est une époque banale et futile ! Le Progrès n’engendre pas automatiquement l’Intelligence ! Il ne l’améliore pas non plus. Le concept du mot Progrès est récent par rapport à l’échelle de l’Humanité. L’Intelligence, elle, est à la fois une idée générale qui répertorie plusieurs domaines multiples tel que la logique, le verbe, les mathématiques, le pragmatisme, la créativité…
Les contacts humains ont beaucoup changé. La vigilance règne en maître. Tout va trop vite ! La modernisation est beaucoup trop rapide. Trop de complication politique et économique !
Tout pourrait être plus simple mais tout est complexe. Les amitiés naissent lentement. Les citoyens crient mais ne savent que faire pour un meilleur départ. Liens démocratiques et gouvernementaux collent avec illusions idéalistes.


A part cela, certains considèrent la flânerie comme une absence de responsabilité ou alors vivre dans l’insouciance. Ils ont à moitié raison et à moitié tort. Elle est de temps en temps un signe de maturité. Elle nous permet de mieux comprendre dans quel monde on vit.

Croire à l’idée d’un but à atteindre n’est qu’une image, un déguisement pour mieux lutter contre les futures embûches de la vie. C’est nous qui fabriquons de toutes pièces notre soi disant « Destin » et personne d’autre.

Tous ceux qui pensent qu’on n’arrête pas le progrès ! Doutez de la définition ! Son évolution, sociale, humaine et technologique, est souvent ponctuée d’améliorations et de régressions.

La Paix est souvent prise en sandwich par la Guerre !

Pour l’instant, je patiente tranquillement. J’attends ! Qui ? Je l’ignore.

Par Gregory Creston

samedi 15 juin 2013

Rouge Vaise, le décor d'un polar - 3

[...] 

Remontons encore plus au nord. Nous arrivons sur la place de Paris, métro Vaise. L’un de ses angles est occupé par l’imposante église de l’annonciation, construite en 1957 en remplacement de l’ancienne église détruite en partie lors de la dernière guerre. Le campanile en béton recouvert de plaques de pierres dorées culmine à 62 mètres. Il est surmonté d’une structure en fer forgé flanquée de dix-huit anges dorés, couronnée d’une croix de onze mètres de haut.
Depuis la place de Paris, on aperçoit, dans l’alignement de la rue Masaryk (pédagogue, sociologue et philosophe tchèque, 1er président de la République de ce pays après l’indépendance en 1918), les superstructures d’un pont suspendu : le pont Masaryk qui traverse la Saône. Un élégant ouvrage suspendu, avec un pilier central qui, la nuit, jaillit des eaux sombres de la rivière.
Photo de Jacques Morize
C’est dans un immeuble de la rue Masaryk que loge le jeune homme que l’on suspecte d’être l’auteur de la vengeance qui frappe les cinq gones de Vaise. 
Photo de Jacques Morize
En aval et en retrait de la Saône se trouve la place Vanderpol. Vanderpol était un ingénieur venu du nord, catholique et pacifiste, qui milita pour la paix avant la première guerre mondiale. Il se définissait comme étant « à égale distance du militarisme outré et du pacifisme utopique ». Sur une face de cette place est bâtie l’église Saint-Pierre de Vaise, construite de 1843 à 1846. L’ensemble est étrange, avec une façade néo-romane en pierre blanche, le restant du bâtiment en pierres jaunes et un clocher au toit bourguignon, recouvert de tuiles vernissées noires et jaunes.
Photo de Jacques Morize
Photo de Jacques Morize

De cette place part une rue très pentue, le boulevard de Saint-Exupéry qui grimpe vers le plateau de Fourvière. A mi-chemin, le fort de Vaise, construit en 1834, face au fort Saint-Jean (sur la Croix Rousse) et en dessous du fort de Loyasse. Il commande la vallée de Gorge de Loup et Vaise. La fondation Renaud y a son siège. Ses objectifs visent à promouvoir toutes les formes culturelles. Rénové par les frères Serge et Jean-Jacques Renaud, le fort accueille des expositions et des conférences, des associations, mais aussi des séminaires et des colloques d’entreprises. On l’aperçoit depuis les berges de la Saône, à travers les frondaisons.

Photo de Jacques Morize
Photo de Jacques Morize

Pour finir, une belle vue d’hiver depuis l’avenue Saint-Exupéry, la Saône et le pont Masaryk.
Photo de Jacques Morize
Par Jacques Morize.
Et maintenant promenez-vous... dans le polar Rouge Vaise !
Rouge Vaise - Jacques Morize - éditions Les grilles d'or.