Les Sétigones
Entre Lyon et Sétif, il y a une déjà bien vieille Route de la Soie.
Elle a vu et voit toujours des destins croisés inscrire les noms des deux villes l’un à côté de l’autre, accolés sur le carnet de familles bien lyonnaises, à force d’incessants voyages entre les deux rives de cette double identité.
Nombreux, innombrables même, sont les sétifiens devenus lyonnais, par nécessité ou par élection, qui enrichissent cette ville de confluence de deux fleuves si majestueux. Ils ont su remonter le courant et le temps pour venir prêter main forte, à partir du moment où la ville de Jean Moulin, Capitale de la Résistance à l’occupant allemand durant la Seconde Guerre Mondiale, cherchait à effacer les affres de la Barbarie.
Eux aussi, du reste, fuyaient les conséquences et le souvenir, encore vivace, d’une autre Barbarie…
La ville de Lyon accueillit ses nouveaux hôtes sur ses pentes, afin de les voir mieux se pencher vers tous les cours de ses eaux, ou lever les yeux vers les cimes de son Mont d’Or.
Certains durent, un temps, envahir et squatter dans une pagaille joyeuse mais laborieuse, les couloirs d’une caserne abandonnée, celle de la Part-Dieu.
Ils contribuèrent grandement d’ailleurs, des années plus tard, à en relever le niveau.
D’autres, moins chanceux mais plus entourés, plus solidaires aussi, ne trouvèrent rien de mieux que de hanter les ‘chaâbas’ des bords du Rhône, ces douars et autres ‘villages nègres’ reconstitués si loin dans le temps et l’espace, pour élever, souvent dans la précarité, des gones aux têtes si pleines et si bien faites.
Par défi, en dépit des incertitudes qui menaçaient.
Nous sommes pourtant tous si fiers de cette progéniture ‘de voleurs d’écritures’.
Par la suite, des années et des souffrances plus tard, la prospérité et un gain évident en conforts multiples les dispersa tous, au gré des livraisons des grands ensembles, si loin des Traboules et de la Grande Côte.
Ailleurs, dans ‘le grand nulle part’.
La banlieue…
‘Entre le béton et l’asphalte’, disait le poète…
Leurs enfants en subirent brutalement les effets.
Ils voulaient cesser ‘d’être personne’ dans une quelconque partie du monde.
Dès l’aube, au sortir d’une longue nuit durant laquelle ils se contentèrent des contes sur un pays des ancêtres qu’ils désespéraient de voir un jour, ils allèrent y passer de torrides étés, comme pour se gaver de son soleil.
Ils y reviennent désormais aux solstices, chaque saison plus nombreux.
Cette jeunesse à la double culture, sans être une culture double, dans ses déchirements et ses libertés parfois envahissantes, créatrice, imaginative et entreprenante, est le trésor que nous avons en partage.
Sachons le faire prospérer.
Car, voyez-vous, l’avenir ne s’inscrit pas en termes de contrats à signer ni de parts de marchés à conquérir uniquement, il est surtout l’ère de l’épanouissement d’un brassage devenu générateur de destinée commune.
Je me tourne vers ce long parcours. Je rêve de le voir devenir la grande allée de nos échanges de chaque instant, une grande voie parcourue dans les deux sens par tous nos porteurs d’espoirs.
Le seul proverbe de la plaisante sagesse lyonnaise que je connaisse dit : ‘Le vrai de vrai, ce n’est pas tant d’aller vite comme de savoir par où passer’.
Je n’ai pas trouvé meilleure illustration de notre cheminement commun. Nous avançons en prenant la précaution d’identifier d’abord chaque parcelle de sentier à emprunter, sans jamais chercher à forcer nos pas.
Et pour, tout dire, Pauline Roland, première féministe et dernière saint-simonienne passionnée, vécut deux mois de déportation â Sétif (début août au 8 Octobre 1852) et, une fois libérée, alla mourir à Lyon où elle est enterrée.
Tout une histoire...
Elle a vu et voit toujours des destins croisés inscrire les noms des deux villes l’un à côté de l’autre, accolés sur le carnet de familles bien lyonnaises, à force d’incessants voyages entre les deux rives de cette double identité.
Nombreux, innombrables même, sont les sétifiens devenus lyonnais, par nécessité ou par élection, qui enrichissent cette ville de confluence de deux fleuves si majestueux. Ils ont su remonter le courant et le temps pour venir prêter main forte, à partir du moment où la ville de Jean Moulin, Capitale de la Résistance à l’occupant allemand durant la Seconde Guerre Mondiale, cherchait à effacer les affres de la Barbarie.
Eux aussi, du reste, fuyaient les conséquences et le souvenir, encore vivace, d’une autre Barbarie…
La ville de Lyon accueillit ses nouveaux hôtes sur ses pentes, afin de les voir mieux se pencher vers tous les cours de ses eaux, ou lever les yeux vers les cimes de son Mont d’Or.
Certains durent, un temps, envahir et squatter dans une pagaille joyeuse mais laborieuse, les couloirs d’une caserne abandonnée, celle de la Part-Dieu.
Ils contribuèrent grandement d’ailleurs, des années plus tard, à en relever le niveau.
D’autres, moins chanceux mais plus entourés, plus solidaires aussi, ne trouvèrent rien de mieux que de hanter les ‘chaâbas’ des bords du Rhône, ces douars et autres ‘villages nègres’ reconstitués si loin dans le temps et l’espace, pour élever, souvent dans la précarité, des gones aux têtes si pleines et si bien faites.
Par défi, en dépit des incertitudes qui menaçaient.
Nous sommes pourtant tous si fiers de cette progéniture ‘de voleurs d’écritures’.
Par la suite, des années et des souffrances plus tard, la prospérité et un gain évident en conforts multiples les dispersa tous, au gré des livraisons des grands ensembles, si loin des Traboules et de la Grande Côte.
Ailleurs, dans ‘le grand nulle part’.
La banlieue…
‘Entre le béton et l’asphalte’, disait le poète…
Leurs enfants en subirent brutalement les effets.
Ils voulaient cesser ‘d’être personne’ dans une quelconque partie du monde.
Dès l’aube, au sortir d’une longue nuit durant laquelle ils se contentèrent des contes sur un pays des ancêtres qu’ils désespéraient de voir un jour, ils allèrent y passer de torrides étés, comme pour se gaver de son soleil.
Ils y reviennent désormais aux solstices, chaque saison plus nombreux.
Cette jeunesse à la double culture, sans être une culture double, dans ses déchirements et ses libertés parfois envahissantes, créatrice, imaginative et entreprenante, est le trésor que nous avons en partage.
Sachons le faire prospérer.
Car, voyez-vous, l’avenir ne s’inscrit pas en termes de contrats à signer ni de parts de marchés à conquérir uniquement, il est surtout l’ère de l’épanouissement d’un brassage devenu générateur de destinée commune.
Je me tourne vers ce long parcours. Je rêve de le voir devenir la grande allée de nos échanges de chaque instant, une grande voie parcourue dans les deux sens par tous nos porteurs d’espoirs.
Le seul proverbe de la plaisante sagesse lyonnaise que je connaisse dit : ‘Le vrai de vrai, ce n’est pas tant d’aller vite comme de savoir par où passer’.
Je n’ai pas trouvé meilleure illustration de notre cheminement commun. Nous avançons en prenant la précaution d’identifier d’abord chaque parcelle de sentier à emprunter, sans jamais chercher à forcer nos pas.
Et pour, tout dire, Pauline Roland, première féministe et dernière saint-simonienne passionnée, vécut deux mois de déportation â Sétif (début août au 8 Octobre 1852) et, une fois libérée, alla mourir à Lyon où elle est enterrée.
Tout une histoire...
Par Faycal Ouaret, écrivain de Setif et membre d'honneur correspondant de l'UERA en Algérie.