La Rue SULLY est une rue typique
du 6ème arrondissement, transversale est-ouest commençant Bvd des Belges, ex boulevard du nord, et se terminant à la Saône.
Dans sa partie est, elle connut
autrefois un cinéma, deux maisons accueillantes aux filles accortes et deux
institutions religieuses… il ne reste plus grand chose dans cette moitié
nordiste de l’architecture d’alors et les immeubles de rapport se sont
substitués aux demeures du milieu du XIX.
En redescendant on trouvait à la
hauteur de la rue Tête d’Or un petit jardin où Maitre Philippe, grand
guérisseur devant l’Eternel et précurseur à la cour du Tsar de Raspoutine,
entretenait un carré de « simples » plantes herborisantes et
dangereuses pour certaines mais qui utilisées avec parcimonie pouvaient avoir
quelqu’effet… Me Philippe usait aussi de granulés de sodium, de poudre de
perlimpimpin à l’égal de ces charlatans* qui encore de nos jours
« homéopathisent ».
A l’intersection de la rue
Vendôme ( où rappelons le, la mairie fut provisoirement installée en ses débuts)
on découvre en cette rue Sully une plaque évoquant qu’en cette maison vécut
Philippe Burnot, fondateur de la société du « bois gravé » de Lyon,
graveur et illustrateur émérite des éditions AUDIN (de Amable AUDIN et frères,
A.AUDIN à qui nous devons les fouilles d’excavation de l’amphithéâtre et de
l’odéon de Fourvières) et des éditions du CUVIER créées par Jean GUILLERMET, le
caladois, chantre du Beaujolais ,un des fondateurs des Compagnons du Beaujolais
avec des plumes comme Emile de Villié, Joseph Jolinon, Justin Godart (un enfant
du 6e puisque né dans l’immeuble du 20 de l’avenue de Saxe)…
Traversons l’avenue Foch
(autrefois Avenue de Noailles) et rejoignons le quai. Au 8 et 10 de cette même
rue Sully, on peut admirer l’arc du majestueux portail en pierres bleutées de
l’ancienne église des Jacobins détruite en 1816 dont la construction avait été
financée par la famille Gadagne au XVIème siècle. Étonnants ces Gadagne dits
ainsi mais s’appelant réellement Guadagni… Un jour de 1998 en déplacement au
Liban, la compagnie du Fanal qui faisait partie d’une délégation culturelle
lyonnaise conduite par la journaliste Gisèle
Lombard et moi-même, interpréta dans le Chouf à Deir
El Kamar (ville jumelée avec notre 6e) une pièce de Machiavel (cf. éditions
Aléas) « la Mandragore » où il était fait allusion à un Guadagni… un
soyeux libanais spectateur retrouva dans ses archives familiales de vieux
documents d’époque évoquant des relations épistolaires entre ses ancêtres, ces
Guadagni lyonnais et… Machiavel "himself"… (Retrouvez l'évocation de cette triple relation italo-lugdo-libanaise dans la préface de la réédition de cette
pièce, seule œuvre dramatique de l’auteur du « Prince »).
A l’angle de la rue Sully sur le
quai on peut découvrir une statue en pied de Sully, hyper-ministre,
super-intendant, maître es-poule-au-pot (avant la mère Fillioud et la mère
Brazier qui officièrent ensemble, la seconde étant l’élève de la première, rue
Duquesnes)… cette statue de Sully devrait se trouver en fronton de l’Hôtel de
Ville aux pieds de la statue équestre de Henri IV qui semble alors parler dans
le vide… Par quel miracle cette œuvre se retrouve-t-elle ici ?… mystère et
boule de gomme comme aurait dit Jacques Martin au « Petit Rapporteur »… mais
en cette fin de la rue Sully c’est un autre Jacques Martin qui y vécut… le grand
peintre lyonnais excellant dans les compositions florales et les natures mortes
et dont nombre d’œuvres honorent les cimaises du musée Saint-Pierre.
Par Jacques Bruyas.
* ces propos n'engagent que son auteur.
Extrait de Flâneries.
Une très belle page d'Histoire et d'Architecture d'où émmerge des souvenirs...
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