Dana Lang vous conte la découverte de Saoû avec son compagnon Maurice Janin.
Maurice comme on le sait est un être hors norme, un ovni comme j’aime à le répéter. De par sa profession, il est en outre, pour moi, le génie du logis mais ce que l’on sait le moins, c’est que c’est un ogre ! Par sa formidable boulimie de vie, par sa vision du monde il ne fait jamais les choses à moitié ; par les choses quotidiennes comme l’envie d’avoir une brouette, mais pas une simple petite brouette, non, une grande, une énorme, une géante brouette. Elle s’appelle Viviane.
Maurice comme on le sait est un être hors norme, un ovni comme j’aime à le répéter. De par sa profession, il est en outre, pour moi, le génie du logis mais ce que l’on sait le moins, c’est que c’est un ogre ! Par sa formidable boulimie de vie, par sa vision du monde il ne fait jamais les choses à moitié ; par les choses quotidiennes comme l’envie d’avoir une brouette, mais pas une simple petite brouette, non, une grande, une énorme, une géante brouette. Elle s’appelle Viviane.
–Comme
la fée, évidemment ! lui dis-je.
Et
pour la trouver à trois francs six sous, un prix défiant toute concurrence,
nous devons nous rendre à Montélimar !
–Mais
tu sais, le village de Saoû se niche pas très loin de là et nous pourrons aller
y faire un tour, si tu veux ! rajoute-t-il pour me séduire.
–Alors
soit, allons-y !
Il
flotte dans l’air comme un petit goût de vacances. Une envie de départ, un
besoin de Bretagne… mais, il ne faut pas rêver, nous ne pourrons pas nous y
rendre.
Tout
à nos pensées nostalgiques, nous filons via Saint-Étienne, Valence, Montélimar.
Après la route prise hier en direction de Vichy dans l’Allier pour une visite
ophtalmologique et la destination sur Lyon pour la réunion de l’UERA et le
retour chez nous, nous sommes de grands voyageurs. Du reste, nous avons eu le
plaisir d’emprunter et de découvrir enfin la nouvelle autoroute remarquable
entre Roanne-Lyon qui nous a émerveillée par son audace. Nous y avons traversé
trois tunnels, dont l’un des plus grands d’Europe après le Mont-Blanc, Fréjus
et sans doute aussi celui de la Manche, de très nombreux aqueducs avec une
traversée au-dessus de Tarare et l’Arbresle sans être vus des riverains, ce qui
représente un véritable exploit technologique.
Il
fait un grand beau soleil sur la route. Nous abandonnons le 7° de ce matin chez
nous, ce mercredi 27 juin, pour trouver 24° sur la route du midi… un petit goût
de vacances se ramène… les cyprès de Florence longues sentinelles dressées
contre le vent… le mistral nous malmène… nous croisons la colonne du Tour de
France, ses caravanes publicitaires en partance pour la Corse. Et puis, plus
loin, les quatre cheminées de Cruas avec ce bel enfant qui joue peint sur l’une
d’elle comme une provocation ! Je frissonne. Je pense à Severn, aux si
beaux films de Jean-Paul Jaud, à Marc Wallerand et son tableau… à mon texte
« Cruas, cruel défi »… puis notre destination Montélimar où partout
sont plantés des lauriers fleuris en cette saison roses, rouges, blancs. Nous
trouvons l’adresse. La bécane livrée nous est chargée et en route pour Saoû… mais
avant, un petit tour à la pompe.
Après
trente kilomètres, nous nous engageons sur une jolie petite route vallonnée
étroite par endroits mais qui surplombe les gorges d’une claire rivière, est-ce
la Drôme, oui, sans doute. Puis doucement, nous approchons des montagnes du
Vercors. Elles s’élèvent au-dessus du pays diois dans la Drôme, au-dessus de Saoû.
De ces montagnes, des blocs de rocs impressionnants débaroulent au pied de ce
village pittoresque. Nous pénétrons dans l’enceinte de ce lieu charmant pour y
trouver planter là au beau milieu de la place « L’Oiseau sur sa Branche »,
ça coule de source, sa terrasse étalée sous les arbres et sa petite fontaine.
Nous nous garons, faisons quelques photos et cèdons à cette tentante invitation
d’aller prendre immédiatement une collation.
–Bonjour
Monsieur, que désirez-vous ?
–Pour
moi, ce sera un Coca !
–Non,
Monsieur, ici nous ne servons pas de Coca ! Pas de boissons
américaines ! Nous ne sommes pas des capitalistes ! Nous servons de
la limonade… des sirops artisanaux… des…
Ben
évidemment, il y a des mots qu’il vaut mieux ne pas prononcer ! Nous rions.
J’aime les rebelles ! Jacques nous avait prévenu.
–Avez-vous
un café glacé ?
–Oui,
un café-lait-glacé-frappé avec un peu de sirop d’orgeat !
–J’aime
beaucoup le sirop d’orgeat, mais pour moi, je l’éviterai !
–D’accord
alors, mais avec une petite pointe de
sirop d’orgeat pour garder le goût !
Arrive
un café au lait aux glaçons avec une pointe d’orgeat… pas un café à la crème
glacée ! Pas de crème à l’américaine ! Je souris. Décidément, il me
plaisent. Nous en sommes là, à siroter nos cafés-laits-glacés-frappés-glaçons
quand viennent à passer deux ânes, deux femmes marchant à leur côté et un père de
famille et son enfant attifés à la va-y-comme-j’te pousse, affalés sur
l’arrière d’une carriole, plongés dans une zenitude à faire pâlir un bouddiste.
Nous
sourions… et puis, à dix huit heures, des gens s’installent derrière nous. Des
personnes commencent à déballer. Elles prennent leur temps. L’un ses plantes, un
autre ses aulx, une petite productrice ses légumes, le boulanger son bon pain
au levain, aux raisins, Monsieur le Maire étale ses fromages de chèvre, puis
arrive le marchand de poulets, celui des pâtés. Ni une, ni deux, avant de
repartir, nous voici occupés à faire notre marché. Nous achetons un bouquet
d’ail tout frais, des fèves à mourir de plaisir dont on peut faire une soupe
avec les cosses nous rappelle la vendeuse en me glissant la recette imprimée
sur papier, des salades croquantes à souhait, des pommes de terre nouvelles, de
petites courgettes fraîches et luisantes, puis du pain lourd de levain et les
fameux picodons embaumés de Monsieur le Maire. Nous échangeons quelques mots
avec lui. Nous dissertons avec le marchand d’aulx. Il nous parle des activités
culturelles du village… ses concours culinaires avec le 26 mai « Le
Picodon dans tous ses états » et pour enfants le « Spécial
Dessert », ses concerts avec le 25 mai « Lune pleine de Jazz », son
Festival du 22 juin au 20 juillet « Saoû chante Mozart », le 21
juillet sa Fête du Picodon « Picodon, Picodon tu m’as rendu
marteau », sa Foire aux fruits d’hiver le 17 novembre, certainement
inoubliable avec sa soupe au lard…
Les
dires de Jacques ne sont pas surfaits. Nous avons bien affaire à une équipe de
fadas (êtres frappés par les fées)… et je ne peux m’empêcher de faire le
parallèle avec Saint-Beaulize-sur-Irondelle, dans le Larzac ; là, où vit
ma fille aînée, depuis quelques années, quand les irréductibles sans eau, ni
électricité de ce beau village classé se promènent avec une brouette et un
capteur solaire, autour de leur maison en suivant le soleil, afin d’alimenter
en énergie leurs batteries pour pouvoir suivre la télévision !
La vraie vie, quoi ! Par Dana LANG, le 27 juin 2013.
L'UERA, avec l'association "Musique et théâtre sous le tilleul", fait son festival à Saoû : Ecriture, Théâtre et Compagnie les 6 - 7 - 8 septembre. Y serez-vous ?
Saoû s'évoque aussi en poésie sous la plume de Christian Bellegueulle : cliquez ici !
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Dana avec toi on s'y croit ! Merci avec ce moment de lecture d'avoir rafraîchi la canicule de ma banlieue si triste. Bises
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