« Couvrez ce sein que
je ne saurais voir »…
Plusieurs jours auparavant
on en parlait comme de l’expédition d’une vie. On eut dû gravir la façade nord
de l’Everest ou aller découvrir quelque tribu égarée en jungle amazonienne
qu’on ne s’y serait pas autrement préparé.
Le jour fatidique on avait
le droit d’accompagner nos mères, un peu comme des sherpas ou des broussards
devant dégager au moment de l’assaut les obstacles les plus criants, aux ventes
d’usines, pour les chaussures « Bailly », les gaines
« Scandale » ou les bas « Weill » qui avaient des entrepôts
aux confins villeurbannais.
Les ventes de surplus font
désormais l’objet de soldes ou d’acquisitions privilégiées, alors que dans les
années « soixante » les industriels étaient ravis de brader à l’encan
des invendus leur restant sur les bras.
Enfants, en de semblables
lieux nous ressemblions à Halfaouine, ce môme égaré en un hammam que de
femmes. Que de peau découverte sans se soucier des regards pré-pubères… Des
ventres, des seins, des cuisses, des mollets… de quoi parfaire un apprentissage
sexuel jusqu’alors réduit aux photos de charme des « revues-ciné ».
L’esthétique était à son comble quand l’éthique était au moindre. Et c’était
toujours des dimanches !
Le retour vous avait des
allures de reconditionnement moral et les bus semblaient des capsules spatiales
rapatriant des astronautes égarés en quelque voie encore lactée et des
ménagères au septième ciel du confort mercantile.
Par Jacques Bruyas.
Chronique villeurbannaise, écrite pour Le progrès en 2010.
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