Meublés ou garnis.
Villeurbanne n’échappait pas à la règle des contraintes urbanistiques de la fin des années « soixante » où malgré des chantiers à foison, on manquait cruellement de logements.
Qui n’a pas rendu des visites dominicales à un
oncle, un cousin, un parent proche forcé de trouver son gîte en un de ces petits
« hôtels-meublés » qui faisaient alors leurs affaires plus sur la
durée du séjour que sur la cherté de la piaule. Évoquant ces lieux singuliers
avec Frédéric Dard, il y a quelques vingt ans, il s’amusa à reprendre une
description, alors esquissée, dans un de ses San Antonio…
« Le genre
de crèche modeste mais qui inspire confiance. Le lieu est un peu hybride. On l’a conçu pour les
pensionnaires mais il est bondé d’autochtones. On y trouve du plombier à
marmotte de fer, du boucher à tablier retroussé, du retraité à marottes, plus
quelques spécimens d’artisans dont le parler sent la ville toute proche, et les
chaussures la campagne imminente. Et le taulier ? Un patron de bistrot dans son
bistrot, c’est comme un commandant de barlu sur sa dunette : impossible de
le confondre avec un prédicateur dominicain ou un chef d’orchestre
tzigane. »
L’enfant ne s’y trompait pas… comme l’écrivain resté
à jamais un gosse. Il y avait de la magie et de la féérie en ces
« garnis » (parfois il y avait « l'amour qui passe » en
prime) d’un gîte provisoire souvent confins au définitif. En 1963, on en comptait
76 sur l’annuaire des postes rien qu’à Villeurbanne.
Par Jacques Bruyas.
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