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jeudi 30 janvier 2014

Grands chantiers de Lyon au XVIIIe siècle - 1

Panorama de la ville 
 
Rappelons le panorama de la ville du Moyen-Age qui n’avait guère changé alors et que François Régis Cottin décrit fort bien comme l’aspect de Lyon à la fin du Grand Siècle : « Le coteau de Fourvière est un vignoble dénudé que tranchent à mi pente les soutènements romains encore visibles à Saint-Georges, à la Madeleine, à l’Antiquaille. Le paysage lyonnais présente alors l’aspect rural mais profondément humanisé des côtes du Rhône tel qu’il apparaissait il y a peu de Valence à Condrieu… Au nord, vers Saint-Paul comme au sud vers Saint-Jean, les maisons bâties au plus près et le pied dans l’eau contiennent la rivière où n’aboutissent que d’étroites ruelles baptisées « ports ». Ce front sans rivage, presque continu, avait sa réplique sur l’autre bord, de Saint-Antoine à La Feuillée, et rendait impossible la traction animale par le halage dans la traversée de la ville. L’absence d’un chemin de halage est à l’origine de la future corporation des « Modères » qui assuraient  par la seule force humaine la remonte des bateaux dans la traversée de Lyon… Comme Fourvière, Saint-Sébastien est un coteau pelé désert et couvert de vignes où se remarquent aussi quelques vestiges de la civilisation romaine. Le plus important est l’amphithéâtre des Trois-Gaules dont la masse domine encore ». 

Au début du XVIIIè siècle, si cet amphithéâtre - que l’empereur Auguste en personne honora dans l’été le 1er août de -10 en présidant l’assemblée des notables (druides ?) des 60 nations gauloises - a quasi disparu peu à peu, « la ville commence à la porte de Bourgneuf. Le Bourgneuf pris entre le rocher et la rivière n’est qu’une rue que bordent sur trois cent mètres deux files de maisons pratiquement ininterrompues. Tout ce qui de Flandre ou de France gagnait par terre l’Italie et par-delà l’Orient, les armées et cortèges des rois, des croisades à la Révolution ont défilé par cet étroit boyau dont la largeur en quelques points n’atteignait pas cinq mètres » avant de franchir la Saône par le pont de pierre, la Presqu’île par l’oblique rue Mercière et le Rhône par le pont unique gagnant la Guillotière dans la province du Dauphiné. On ne put certes à cette époque s’attaquer à ce front de Saône continu et il faudra le pouvoir du régime proconsulaire installé après le siège de Lyon par la Convention pour démolir plus de cent maisons entre Pierre-Scize et le Change en jetant les déblais à la rivière… pour faciliter le passage de l’Armée des Alpes. Le nom même de Bourgneuf disparut quand Lyon devint pour un temps « Ville affranchie » ! 

On accédait à la ville par d’étroits boyaux dans les faubourgs, véritables « quartiers bains-de-pieds » comme le dit Petrus Sambardier, avec des maisons servant de digue dont les caves donnaient sur le fleuve ou la rivière tandis que les rez-de-chaussée ouvraient sur le faubourg, ainsi au faubourg de Pierre-Scize entre Vaise et Lyon ou au faubourg de Bresse à Saint-Clair. Des coches d’eau assuraient le trafic Lyon-Saint-Jean - Vaise - l’Ile-Barbe.

A suivre.
Par Pierre Coeur

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