Les Cambarres sous l’Ancien Régime : histoire et
économie rurale de la ferme des Volay-Chantre.
Signalons que cette première
petite ferme est géographiquement la plus proche du hameau voisin du Bayard.
Sous l’Ancien Régime, les archives
notariales de Saint Martin en Haut et Yzeron, paroisses des coteaux et monts du lyonnais contigües à celle de
Thurins, apportent aussi nombre de renseignements sur cette fermette thurinoise,
« oubliée ».
Nous ignorons la date de
construction de cette petite ferme mais il apparait très probable que les Volay
y habitent depuis au moins le XVIe siècle. Faute d’archives, cette ferme reste
entourée de mystères.
Toutefois, le 20 janvier 1639,
Léonard Tholly notaire à Yzeron écrit superbement un contrat de mariage d’une
grande importance pour la famille Volay au lieu-dit les Cambarres. Surtout, à
travers les extraits qui vont suivre, on découvre la discrète prospérité de ces
paysans, modestes par ailleurs : « Comme ainsy soit que mariage a est
(…) cellebré en nostre (…) sainte églize :
D’entre Denis [Volay] fils
naturel et légitime de Laurent Volay[1] et de
Jane Zaccarie, laboureur de la parroisse de Thurin espoux advenir d’une part,
et Izabeau [Isabelle] fille
naturelle et légitime [de] défunt Pierre Mathivière [patronyme d’origine du
hameau thurinois de la Mathivière] et [de] Marie Jullien [patronyme d’origine
du hameau thurinois du Julin] vivant laboureur de Thurin espouze advenir
d’autre part ; »
Concernant la dot de la fille
Isabelle, « les mariés Mathivière et Jullien tous ensemble (…) acceptant
420 livres pour habiller les époux et épouze (…) la qualitté des parties pour
les ayder (…) la somme de 10 livres, cinq bichets bled, deux de froment et
trois de soigle [seigle] (…) outre ce un coffre de la dite épouze fermant à
clef garnis de leurs (…) habits (…) Payer aux dits époux et épouze la somme de
120 livres les draps, dix livres (…) de bled et coffre comptant dans la
bénédiction nuptialle du présent mariage. » Il y a plusieurs témoins à ce
mariage dont un habitant du hameau thurinois du Bayard.
Par ailleurs, les parents Laurent
Volay et Jane Zaccarie, prévoyant leur décès, profitent de l’occasion du
contrat de mariage de leur fils Denis, pour effectuer une petite donation à
leurs autres enfants. Ainsi, ils donnent 100 livres à leurs filles :
Catherine, Violent [Violène], Benoist [Benoite] et Alexandrée. Et aussi 50
livres à leurs fils : Georges et Guillaime [Guillaume]. Denis Volay,
successeur à la ferme de son père Laurent Volay, avait donc des frères et des
sœurs !
Les archives notariales de la
baronnie de Rochefort ayant largement disparu, on se contentera du registre
paroissial de Thurins[2].
Ainsi, Denis a eu un fils-successeur de la ferme : Pierre Volay, né vers
1644. Il était marié à Jacquème Champ de Thurins qui lui donna 9 enfants. Parmi
ces enfants, Claude Volay fut le successeur de la ferme. Claude était marié à
Jeanne Broallier de Saint Martin en Haut.
Toutefois, le 26 janvier 1732,
François Sélis notaire de Thurins nous donne quelques renseignements familiaux :
« fust présens Jean Durantière habitans au lieu de la Mathivière parroisse
de Thurin lequel volontairemens reconnoit et confesse avoir reçu cy devans en
bonnes espèces d’argens ayans cours de Claude Volay aussy habitans au lieu du
Bayard [les Cambarres] susdite parroisse donataire universel de Jacquème Champ
sa mère ici présens et acceptans la somme de 99 livres 19 sols pour pareille en
laquelle ladite (…) Champ étoit tenue et obligé verbalement, envers le dit Jean
Durantière la constitution faite à Alexandrine Voley sa fille pour son contrace
de mariage avec le dit reconnaissant, de laquelle somme de 99 livres 19 sols le
dit Voley de sa dite déffunte mère déclare quitte l’avoit chargé et recommandé
peu de tems avan son décès d’acquitter la descharge de sa conscience et faire
payemens de la susdite somme aux dits mariés Durantière et Voley (…) fait et
passé au bourg de Saint Martin en Haut, maison de noble Louis Gaudin avocat le
vingt sixième janvier 1732. »
Plus tard, le 6 janvier 1743, François Sélis
notaire de Thurins écrit le contrat de mariage du fils successeur de la ferme:
« furent présens Jean Voley [né le 20 février 1710] fils de Claude Voley
habitans au lieu du Bayard [les Cambarres] paroisse de Thurin et de Jeanne Broallier d’une pars ;
et Marie Champ fille légitime de
Benoit Champ à son décès marchand habitans au lieu des Marna parroisse de
Thurin et de vivante Françoise Claron. »
Le contrat de mariage précise que
les deux habits nuptiaux ont une valeur de… 600 livres. La dot de l’épouse
comprend le trousseau (linges, nippes), un garde-robe bois noyer et 100 livres
en argent. De plus, « le dit Jean Voley futur époux a promis de fournir
des habits, bagues et joyaux [à la future épouse]. » Parmi les témoins de
ce contrat de mariage, on trouve Antoine Bruyère, le voisin au lieu-dit les
Cambarres !
A suivre.
Par Christian Fougerousse.
Par Christian Fougerousse.