Un texte, une image, vous plait ? Vous souhaitez l'emporter et le partager pour votre plaisir personnel ? Pensez à l'auteur : n'oubliez pas l'endroit où vous l'avez trouvé, ni le nom de celui ou celle qui vous a offert du plaisir... et laissez un petit mot. Les auteurs aiment savoir que leur travail intéresse.
Vous souhaitez en savoir plus sur l'UERA ? Sur un auteur en particulier ? Visitez le site internet uera.fr
, le blog infos de l'association, ou les blogs personnels (liens à droite).

Tableaux en attente d'écrits UERA

vendredi 28 février 2014

Les Cambarres : histoire et économie rurale d’un lieu-dit en ruine à Thurins en lyonnais du XVIIe au XXe siècle - 2



Les Cambarres sous l’Ancien Régime : histoire et économie rurale de la ferme des Volay-Chantre.

Signalons que cette première petite ferme est géographiquement la plus proche du hameau voisin du Bayard. Sous l’Ancien Régime,  les archives notariales de Saint Martin en Haut et Yzeron, paroisses des coteaux et  monts du lyonnais contigües à celle de Thurins, apportent aussi nombre de renseignements sur cette fermette thurinoise, « oubliée ».

Les paysans Volay, famille fondatrice de la ferme.

Nous ignorons la date de construction de cette petite ferme mais il apparait très probable que les Volay y habitent depuis au moins le XVIe siècle. Faute d’archives, cette ferme reste entourée de mystères.
Toutefois, le 20 janvier 1639, Léonard Tholly notaire à Yzeron écrit superbement un contrat de mariage d’une grande importance pour la famille Volay au lieu-dit les Cambarres. Surtout, à travers les extraits qui vont suivre, on découvre la discrète prospérité de ces paysans, modestes par ailleurs : « Comme ainsy soit que mariage a est (…) cellebré en nostre (…) sainte églize :
D’entre Denis [Volay] fils naturel et légitime de Laurent Volay[1] et de Jane Zaccarie, laboureur de la parroisse de Thurin espoux advenir d’une part,
et Izabeau [Isabelle] fille naturelle et légitime [de] défunt Pierre Mathivière [patronyme d’origine du hameau thurinois de la Mathivière] et [de] Marie Jullien [patronyme d’origine du hameau thurinois du Julin] vivant laboureur de Thurin espouze advenir d’autre part ; »
Concernant la dot de la fille Isabelle, « les mariés Mathivière et Jullien tous ensemble (…) acceptant 420 livres pour habiller les époux et épouze (…) la qualitté des parties pour les ayder (…) la somme de 10 livres, cinq bichets bled, deux de froment et trois de soigle [seigle] (…) outre ce un coffre de la dite épouze fermant à clef garnis de leurs (…) habits (…) Payer aux dits époux et épouze la somme de 120 livres les draps, dix livres (…) de bled et coffre comptant dans la bénédiction nuptialle du présent mariage. » Il y a plusieurs témoins à ce mariage dont un habitant du hameau thurinois du Bayard.
Par ailleurs, les parents Laurent Volay et Jane Zaccarie, prévoyant leur décès, profitent de l’occasion du contrat de mariage de leur fils Denis, pour effectuer une petite donation à leurs autres enfants. Ainsi, ils donnent 100 livres à leurs filles : Catherine, Violent [Violène], Benoist [Benoite] et Alexandrée. Et aussi 50 livres à leurs fils : Georges et Guillaime [Guillaume]. Denis Volay, successeur à la ferme de son père Laurent Volay, avait donc des frères et des sœurs !
Les archives notariales de la baronnie de Rochefort ayant largement disparu, on se contentera du registre paroissial de Thurins[2]. Ainsi, Denis a eu un fils-successeur de la ferme : Pierre Volay, né vers 1644. Il était marié à Jacquème Champ de Thurins qui lui donna 9 enfants. Parmi ces enfants, Claude Volay fut le successeur de la ferme. Claude était marié à Jeanne Broallier de Saint Martin en Haut.
Toutefois, le 26 janvier 1732, François Sélis notaire de Thurins nous donne quelques renseignements familiaux : « fust présens Jean Durantière habitans au lieu de la Mathivière parroisse de Thurin lequel volontairemens reconnoit et confesse avoir reçu cy devans en bonnes espèces d’argens ayans cours de Claude Volay aussy habitans au lieu du Bayard [les Cambarres] susdite parroisse donataire universel de Jacquème Champ sa mère ici présens et acceptans la somme de 99 livres 19 sols pour pareille en laquelle ladite (…) Champ étoit tenue et obligé verbalement, envers le dit Jean Durantière la constitution faite à Alexandrine Voley sa fille pour son contrace de mariage avec le dit reconnaissant, de laquelle somme de 99 livres 19 sols le dit Voley de sa dite déffunte mère déclare quitte l’avoit chargé et recommandé peu de tems avan son décès d’acquitter la descharge de sa conscience et faire payemens de la susdite somme aux dits mariés Durantière et Voley (…) fait et passé au bourg de Saint Martin en Haut, maison de noble Louis Gaudin avocat le vingt sixième janvier 1732. »
 Plus tard, le 6 janvier 1743, François Sélis notaire de Thurins écrit le contrat de mariage du fils successeur de la ferme: « furent présens Jean Voley [né le 20 février 1710] fils de Claude Voley habitans au lieu du Bayard [les Cambarres] paroisse de Thurin et de  Jeanne Broallier d’une pars ;
et Marie Champ fille légitime de Benoit Champ à son décès marchand habitans au lieu des Marna parroisse de Thurin et de vivante Françoise Claron. »
Le contrat de mariage précise que les deux habits nuptiaux ont une valeur de… 600 livres. La dot de l’épouse comprend le trousseau (linges, nippes), un garde-robe bois noyer et 100 livres en argent. De plus, « le dit Jean Voley futur époux a promis de fournir des habits, bagues et joyaux [à la future épouse]. » Parmi les témoins de ce contrat de mariage, on trouve Antoine Bruyère, le voisin au lieu-dit les Cambarres !

A suivre.
Par C
hristian Fougerousse.


[1] Laurent Volay est né un peu antérieurement au registre paroissial de Thurins lequel commence en 1596.
[2] Pour plus de renseignements, lire la Revue l’Araire n°136. Printemps 2004. Article « Histoire et économie rurale d’un lieu-dit en ruine : les Cambarres à Thurins ».

jeudi 27 février 2014

Les Cambarres : histoire et économie rurale d’un lieu-dit en ruine à Thurins en lyonnais du XVIIe au XXe siècle - 1


Les Cambarres :   terroir de nouvelles découvertes.



De « nouvelles » archives notariales, récemment accessibles aux chercheurs[1], autorisent de nouveaux éclairages sur la vie paysanne et artisanale dans ce lieu-dit méconnu, accroché aux pentes, isolé et en ruine, mais paradoxalement situé à Thurins, village des coteaux du lyonnais de près de 3000 habitants en croissance démographique relativement rapide[2].  Les vastes apports intellectuels qui en découlent, concernent des domaines aussi variés que la toponymie, la vie familiale, les finances, la transmission successorale et les transactions foncières, les élevages et les cultures, l’outillage et le mobilier domestique… Il y a de quoi contenter le lecteur, souhaitant approfondir l’étude des mécanismes socioéconomiques liés à l’exode rural d’antan, et donc  curieux à propos des conditions matérielles d’existence des habitants qui autrefois résidaient dans ce hameau, à plus de 625 mètres d’altitude, aujourd’hui en ruine. Des sources plus fiables permettent  en effet d’approcher la réalité sociale historique, de manière beaucoup plus détaillée.

Concernant la toponymie, on connait le nom officiel du lieu dit,  les Cambarres [les Combares[3]], grâce au cadastre napoléonien. Mais d’après les archives notariales, on s’aperçoit que les paysans locaux avaient pris l’habitude d’appeler ce lieu-dit, Combat [Combet[4]].  Par ailleurs, on ignorait jusque là le nom du site rocheux, à proximité immédiate et en contre bas du lieu dit. Or, on  apprend grâce aux archives notariales, que ce cahos rocheux, autorisant une vue panoramique sur le terroir local, porte le nom de « Roche d’Arnaud (t) ». Mais qui était Arnaud ??  Mystère… a priori !

Si l’on adopte un vocabulaire moderne, on peut dire que du point de vue de la signalisation routière du chemin public, allant de Thurins au Bayard, hélas toujours non goudronné en ce début du XXIe siècle[5], nous sommes bien au lieu-dit les Cambarres, mais il faut désormais ajouter la signalisation d’un site touristique et naturel : la Roche d’Arnaud !

Compte tenu des surprises que réserve l’histoire sociale singulière et mystérieuse de ce lieu-dit, nous proposons ce livre, à la suite d’un article paru dans la revue l’Araire n°136 (Printemps 2004)[6] qui essayait de retracer la vie sociodémographique du hameau depuis le XVIIème siècle, à partir  des seuls registres de la paroisse et de l’état civil en mairie[7], pas toujours très lisibles. Rappelons que ce lieu-dit en ruine, situé aux confins du territoire de l’ancienne baronnie de Rochefort, était composé de deux bâtis distants de 50 mètres, avec deux ménages distincts et donc deux histoires familiales différentes. Pour chacune de ces histoires, il convient de distinguer les patronymes sous l’Ancien Régime, de ceux qui s’installeront à partir de la Révolution de 1789.

A suivre.
 Par Christian Fougerousse.





[1] Archives classées et consultables aux Archives départementales du Rhône depuis le 16 août 2007.
[2] Concernant le repeuplement démographique actuel des communes rurales, lire « le renouveau rural » aux éditions l’Harmattan. 1996. 378 pages.
[3] Variante possible sur certains plans cadastraux.
[4] Variante possible sur certaines archives notariales.
[5] Voir la pétition des propriétaires riverains adressée à la mairie de Thurins en date 31 janvier 2008.
[6] Le n° 136 de la revue l’Araire contient des plans de localisation de ce lieu-dit. Concernant les projets d’avenir pour ce lieu-dit au XXIe siècle, lire le rapport « l’Araire : le génie associatif du terroir lyonnais » 2001. IUFM de Lyon. Un projet réaliste et innovant de création d’un centre de recherches scientifiques sur les questions interdisciplinaires concernant le développement rural y est présenté.
[7] Nous avions aussi utilisé les matrices des propriétés foncières bâties et non bâties au XIXe siècle (archives départementales du Rhône).


jeudi 20 février 2014

Bernard Clavel,le Rhône, la peinture et l'écriture.

Souvenirs de L’ouvrier de la nuit, Bernard Clavel à Vernaison et  à Lyon 

J’habite non loin de Vernaison, je m’y promène, sur les berges du Rhône, je suis les  sentiers des berges, je marche dans la rue du Port Perret, où Clavel a habité en 45, je cherche vainement une rue à son nom, il n’y en a pas, je trouve enfin un panneau, Rond-point Bernard Clavel, c’est un panneau  jaune de  chemin de randonnée, pour marcheur. Je pense que ça lui plairait, lui qui a arpenté tant de lieux, de son grand pas de montagnard.
Photographie Maryse Vuillermet -Croisée des chemins
Il y est venu au tout début de son mariage avec sa jeune femme Andrée, Il avait eu le coup de foudre pour ce fleuve à la Guillotière, à Lyon,  quand il allait chez sa tante et, plus tard, quand  il était pâtissier au Prince d’Orange. A l’époque, le Rhône  était encore fougueux, libre, un fleuve de montagne, de fonte de neiges et les mariniers, les pécheurs en vivaient, les jouteurs, les nageurs s’y affrontaient, tout un univers de l’eau qui l’avait séduit. A Vernaison, il allait le voir tous les jours, il le peignait, il  fréquentait ces hommes du fleuve, les bars de mariniers, les guinguettes, il  faisait partie d’un groupe de sauveteurs, il naviguait avec eux, il en était fou, fou  d’amour. Il a toujours eu des passions dévorantes, la peinture, le Jura, la guerre, le fleuve, plus tard, le grand Nord, c’est comme ça qu’il fonctionne, par grandes brassées de passion, par vagues d’amour.

Il a été à Vernaison, un jeune mari, puis un jeune père de trois enfants qui lui viennent coup sur coup, pas de contraception à l’époque, ça peut paraître bizarre, aujourd’hui, mais  à l’époque, les enfants venaient et on les accueillait. Mais que de travail et de peine pour nourrir une famille et rester un artiste. Il trouvait le moyen d’acheter des toiles mais il  n’en vendait aucune, alors,  encore et toujours, il avait plusieurs métiers alimentaires, employé aux écritures à la Sécurité Sociale puis rédacteur juridique à Lyon et, en même temps, il cultivait un très grand jardin. C’est une période de sa vie qu’il a racontée dans L’ouvrier de la nuit, une période sombre, il peignait le fleuve mais son sujet le dépassait, le terrifiait, il  ne le dominait pas. Il  n’y arrivait pas.
C’est là qu’il a eu l’idée d’essayer de l’écrire, qu’il a eu l’idée  d’un roman, dont le fleuve serait le personnage. Il a noirci des centaines de pages, travaillé des nuits entières, détruit et jeté, il ne prenait jamais de vacances, il faisait ses gammes, ces pages deviendront, mais plus tard, son roman  Vorgine,  appelé Pirates du Rhône et  puis L’ouvrier de la nuit.
Il a travaillé dans une très grande  solitude de 45 à 54. ll avait envoyé son manuscrit à Juliard qui l’a d’abord refusé mais  qui lui a dit, je le publierai si vous en écrivez un autre. Il voulait voir s’il avait du coffre. C’est ainsi qu’il a écrit L’ouvrier de la nuit pour raconter ça et qu’il le lui a pris en  56.
Ce livre avait pour sous-titre "ou le malheur d’être écrivain".
Puis, il est  devenu relieur et, enfin, en 58, journaliste au  journal Le Progrès, mais ne croyez pas qu’il était un grand reporter ou une belle plume, il était seulement correcteur, c’est-à-dire qu’il corrigeait  les articles des correspondants, il  travaillait de nuit de 20h à 4 h, il  dormait quelques heures, et le jour, il écrivait.
A cette époque-là, il écrivait comme un forcené, une pièce radiophonique de 20 minutes par an, un roman  et une adaptation radiophonique chaque année, il travaillait dix heures par jour, jusqu’en 64, et il était mort de fatigue. Un jour, Jean Reverzy, son ami écrivain et médecin, le célèbre auteur de Passages qui le soignait, fut effrayé de son état, et il l’a envoyé consulter un psychiatre, le psychiatre a averti son éditeur qui  a décidé de lui assurer une mensualité. A partir de 64, il a vécu de sa plume et jusqu’à sa mort.
Il a raconté comment il était passé près du gouffre, combien de fois, quittant les bureaux du Progrès en rentrant à quatre heures du matin, passant sur le pont de la Guillotière, pour aller se coucher alors qu’il aurait voulu écrire, il se demandait si ça en valait le coup, s’il ne valait pas mieux tout arrêter,  et se jeter dans l’eau grise, mais il restait toujours au fond de lui, venue des siens, l’inextinguible force des humbles. Et il rentrait à Vernaison par le train, il descendait à la petite gare le long du Rhône et il marchait jusqu’à sa maison de Port Perret puis de la Croix Meunier.


Photographie Maryse Vuillermet - Gare de Vernaison
Et moi, quand je passe le Pont de la Guillotière, j’ai pensée pour ce revenant, je le vois marcher dans la bise, regarder les tourbillons autour des piles du Pont, et se diriger, épuisé vers Perrache et vers son destin d’écrivain.

Photographie Maryse Vuillermet - Le Rhône à la Guillotière (Lyon)

Par Maryse Vuillermet.

jeudi 13 février 2014

Une jeunesse à Villeurbanne


San Francisco sur Feyssine

Même Johnny Hallyday s’était mis à la mode des cheveux longs, des colliers de perles et des chemises à fleurs après avoir « esquinté » le temps d’une chanson le météoritique Antoine égaré au pays de « Salut les copains ». 
Il y avait eu Woodstock, l’Ile de Wight et nous ne pouvions imaginer être de reste en ces terres rhônalpines… Alors ce fut la Feyssine, encore et toujours elle, qui le jour d’un concert prit les couleurs de San Francisco et les accents du folk comme du rock de groupes plus hétéroclites et fantaisistes que musicaux. 
Les filles exhibaient leurs poitrines naissantes et les garçons aux barbes fournies et aux cheveux hirsutes semblaient des faunes égarés en tissu urbain. 
Jeunes gâtés des « trente glorieuses », s’ennuyant ferme, nous nous engagions pour toutes les causes les plus extravagantes ou les plus lointaines comme Sacco et Vanzetti (exécutés depuis 40 ans !) ou la guerre du Vietnam (qui n’avait mobilisé aucune conscience quand elle était guerre d’Indochine). On se mobilisait pour la défense de groupes ou de minorités sans pressentir un communautarisme autour… 
Entre la décharge publique qu’était une partie du terrain, les bidonvilles voisins, il y avait ce parterre de fleurs de chicorée, d’ambroisie (alors ignorée), de coquelicots (rêvés pavots) et autre plantes « gratte-cul » et on y festoyait. 
Auteur d’une anthologie poétique, l’occupant de l’Elysée citait Ronsard ou Corneille, quand la jeunesse française s’explosait… Aux uns la douceur angevine... Nous, notre Amérique à nous, c’était Villeurbanne (et non pour ses « gratte-ciel » !).

Par Jacques Bruyas.
Chronique villeurbannaise, écrite pour Le progrès en 2010.

jeudi 6 février 2014

Poésie et air salé

Affût

Douceurs roses dans le ciel
Escadrilles de petits oiseaux noirs
Vol en tout sens

Piaillements aigus dans les palmiers
Grincements des bateaux balancés
La mer gronde

Atmosphère salée dont je m'enivre...

Demi-lune sur le port
Seule dans la nuit tombée
Déchirures blondes dans le bleu noir du ciel

Un voilier superbe m'invite
J'imagine l'amoureux
Je me fais chasseuse de paysage

Affût - collage et photos Norlane Deliz


Par Norlane Deliz.
Poème et illustration disponible en carte.

samedi 1 février 2014

Grands chantiers de Lyon au XVIIIe siècle - 3


Edifices 

Le Consulat s’endette beaucoup aussi pour reconstruire et décorer avec faste maisons religieuses ou bâtiments publics comme le Grand Théâtre de Lyon, œuvre de Soufflot là où se trouve maintenant l’opéra, à l’instar des hôtels particuliers d’Ainay ou de la proche campagne, dont on a pu avancer qu’ils furent parfois financés sur les fonds publics. Notons aussi l’ouverture du Bicêtre de l’Hôpital de la Charité en 1759, entre le quai du Rhône et la rue Sala (là où est le Sofitel), qui fonctionna jusqu’en 1783 quand on envisagea la construction de la nouvelle douane et quand on transféra « les indésirables des deux sexes et autres individus sans aveu » à la Quarantaine de l’Hôpital Saint-Laurent au bas de Choulans près de la Saône. 

Le Consulat fait surtout édifier par Germain Soufflot la façade monumentale et le grand dôme de l’Hôtel-Dieu entre 1741 et 1763 (les plans de Soufflot pour le Grand Dôme ne seront pas respectés, sauf lors de la réfection… bien après la Libération de 1944 durant laquelle il fut détruit par les flammes). Cette façade de 200 mètres de long  devait s’étendre au sud sur « l’îlot de Bouchanin » à acquérir peu à peu et franchir l’obstacle de la rue Serpillère qui prolongeait la rue Mercière avant de buter au nord sur la boucherie de l’hôpital... hôpital dont le fonctionnement ne pouvait s’arrêter. Il y eut ainsi quatre campagnes de travaux, deux avant la Révolution de 1741 à 1748 puis de 1757 à 1763 (les travaux seront achevés au bout d’un siècle en 1840) ; elles procurèrent du travail bien au-delà de Lyon (choin c'est-à-dire pierre de taille de Villebois, Seyssel ou Fay près de Belley, pierres des Monts d’Or pour les bâtiments en retrait, jusqu’aux carreaux de terre cuite et tuiles creuses de Verdun-sur-le-Doubs ou aux « carreaux de feu » de Loire-sur-Rhône, sans parler des bois de la forêt de l’Epine au-dessus d’Hautecombe, du Jarez, du Bugey, de Chartreuse  ou des chênes de Bourgogne et Bresse, arrivant au nouveau port de l’Hôpital sur le Rhône ou au port du Temple sur la Saône d’où des tombereaux amenaient les énormes « chirats » par la rue Confort.

Jacques-Germain Soufflot a dirigé aussi le chantier de rénovation de l’église Saint-Bruno où sont passés Servandoni, Pigalle, Trémolières et Jean-Baptiste Boudard, qui, avec l’architecte lyonnais Ennemond Alexandre Petitot, alla exercer ses talents dans les jardins « arcadiens » au temps de l’éphémère splendeur du duché de Parme, placé par Choiseul sous la houlette de Guillaume-Léon Du Tillot, marquis de Fellino.

Par Pierre Coeur.