San Francisco sur Feyssine
Même Johnny Hallyday s’était mis à la mode des
cheveux longs, des colliers de perles et des chemises à fleurs après avoir
« esquinté » le temps d’une chanson le météoritique Antoine égaré au
pays de « Salut les copains ».
Il y avait eu Woodstock, l’Ile de Wight et nous ne
pouvions imaginer être de reste en ces terres rhônalpines… Alors ce fut la
Feyssine, encore et toujours elle, qui le jour d’un concert prit les couleurs de
San Francisco et les accents du folk comme du rock de groupes plus hétéroclites
et fantaisistes que musicaux.
Les filles exhibaient leurs poitrines naissantes et
les garçons aux barbes fournies et aux cheveux hirsutes semblaient des faunes
égarés en tissu urbain.
Jeunes gâtés des « trente glorieuses »,
s’ennuyant ferme, nous nous engagions pour toutes les causes les plus
extravagantes ou les plus lointaines comme Sacco et Vanzetti (exécutés depuis
40 ans !) ou la guerre du Vietnam (qui n’avait mobilisé aucune conscience
quand elle était guerre d’Indochine). On se mobilisait pour la défense de groupes ou de
minorités sans pressentir un communautarisme autour…
Entre la décharge publique
qu’était une partie du terrain, les bidonvilles voisins, il y avait ce
parterre de fleurs de chicorée, d’ambroisie (alors ignorée), de coquelicots
(rêvés pavots) et autre plantes « gratte-cul » et on y festoyait.
Auteur d’une anthologie poétique, l’occupant de
l’Elysée citait Ronsard ou Corneille, quand la jeunesse française
s’explosait… Aux uns la douceur angevine... Nous, notre Amérique à nous, c’était
Villeurbanne (et non pour ses « gratte-ciel » !).
Par Jacques Bruyas.
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