Edifices
Le Consulat
s’endette beaucoup aussi pour reconstruire et décorer avec faste maisons
religieuses ou bâtiments publics comme le Grand Théâtre de Lyon,
œuvre de Soufflot là où se trouve maintenant l’opéra, à l’instar des hôtels
particuliers d’Ainay ou de la proche campagne, dont on a pu avancer qu’ils
furent parfois financés sur les fonds publics. Notons aussi l’ouverture du
Bicêtre de l’Hôpital de la Charité en 1759, entre le quai du Rhône et la rue
Sala (là où est le Sofitel), qui fonctionna jusqu’en 1783 quand on envisagea la
construction de la nouvelle douane et quand on transféra « les indésirables des deux sexes et
autres individus sans aveu » à la Quarantaine de l’Hôpital
Saint-Laurent au bas de Choulans près de la Saône.
Le
Consulat fait surtout édifier par Germain Soufflot la façade monumentale
et le grand dôme de l’Hôtel-Dieu entre 1741 et 1763 (les plans de
Soufflot pour le Grand Dôme ne seront pas respectés, sauf lors de la réfection… bien après la Libération de 1944 durant laquelle il fut détruit par les
flammes). Cette façade de 200 mètres de long
devait s’étendre au sud sur « l’îlot de Bouchanin » à acquérir
peu à peu et franchir l’obstacle de la rue Serpillère qui prolongeait la rue
Mercière avant de buter au nord sur la boucherie de l’hôpital... hôpital
dont le fonctionnement ne pouvait s’arrêter. Il y eut ainsi quatre campagnes de
travaux, deux avant la Révolution de 1741 à 1748 puis de 1757 à 1763 (les
travaux seront achevés au bout d’un siècle en 1840) ; elles procurèrent du
travail bien au-delà de Lyon (choin c'est-à-dire pierre de taille de Villebois,
Seyssel ou Fay près de Belley, pierres des Monts d’Or pour les bâtiments en
retrait, jusqu’aux carreaux de terre cuite et tuiles creuses de
Verdun-sur-le-Doubs ou aux « carreaux de feu » de Loire-sur-Rhône,
sans parler des bois de la forêt de l’Epine au-dessus d’Hautecombe, du Jarez,
du Bugey, de Chartreuse ou des chênes de
Bourgogne et Bresse, arrivant au nouveau port de l’Hôpital sur le Rhône ou au
port du Temple sur la Saône d’où des tombereaux amenaient les énormes
« chirats » par la rue Confort.
Jacques-Germain Soufflot a dirigé aussi le
chantier de rénovation de l’église Saint-Bruno où sont passés Servandoni,
Pigalle, Trémolières et Jean-Baptiste Boudard, qui, avec l’architecte lyonnais
Ennemond Alexandre Petitot, alla exercer ses talents dans les jardins
« arcadiens » au temps de l’éphémère splendeur du duché de Parme,
placé par Choiseul sous la houlette de Guillaume-Léon Du Tillot, marquis de
Fellino.
Par Pierre Coeur.
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