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Lugdunum
prospère après qu’Auguste en ait
fait la capitale des Trois Gaules. Cette colonie sera bientôt
alimentée en eau depuis les Monts d’Or par un premier aqueduc et dotée de
splendides résidences ou amphithéâtres car en 20 avant Jésus Christ, Lugdunum est déjà la ville la plus
peuplée des Gaules, véritable acropole et métropole. Mais vers 300 - 305, les
troubles augmentent aux portes de la ville : insécurité et peut-être
pillage du plomb des aqueducs plus récents entraînent le repli, en construisant
à partir des ruines du forum, sur la Saône, dans une île (le quartier Saint-Jean),
puis sur le vieux bourg gaulois de Condate, terme qui signifie
« bourg de confluent ». Le confluent est à dire vrai une zone
amphibie, hors l’Ile Saint-Jean et l’île des Canabées déjà utilisée par les
Romains avec des maisons et des docks, avec îles de graviers couvertes de
« broteaux », fourrés de saules et peupliers, l’homme cherchant à
gagner de la surface contre l’eau alors que les fleuves se déplacent lors des
grandes crues. Lugdunum n’est plus, on
peut parler de Lyon !
L’agglomération médiévale va naître de ces deux noyaux :
d’une part, de la cité gallo-romaine implantée dans le royaume mais avec
elle-même deux centres - l’un autour du palais de l’archevêque souverain
spirituel près de la cathédrale, l’autre autour du palais du comte de Forez
- et d’autre part du bourg
naissant dans l’Empire centré par l’église Saint-Nizier ; ces deux
noyaux étaient reliés par le pont de pierre à hauteur du Change et de Saint-Nizier.
Le bourg, dont l’empereur se préoccupe fort peu, dispose d’un vase
d’expansion important dans la Presqu’île mais au XVè siècle, l’urbanisation
« s’arrête pratiquement à la limite
de Lyon et d’Ainay en avant de Bellecour ; au nord, elle ne progresse que
le long des chemins qui gravissent la colline Saint-Sébastien ». « La ville commence à la porte de Bourgneuf. Le
Bourgneuf pris entre le rocher et la rivière n’est qu’une rue que bordent sur
trois cent mètres deux files de maisons pratiquement ininterrompues … cet
étroit boyau dont la largeur en quelques points n’atteignait pas cinq
mètres » (François-Régis Cottin). L’existence de ces
« deux Lyons », celui des chanoines et aristocrates et celui des
bourgeois, va nécessiter deux systèmes de fortifications, sans compter celles
du cloître d’Ainay « hors les murs ». Lyon fut la dernière ville à s’émanciper
(1320) du pouvoir des archevêques qui détiennent leurs droits de l’Empereur
Romain-germanique. La veulerie des chanoines et notables conduisit à une
capitulation en 1312, signée à Vienne, cédant la ville au roi Philipe le Bel,
et en 1320, Lyon devenait « ville libre et royale » sans que
l’empereur souverain en droit ne se soit manifesté ! Il perdait pourtant
une ville devenue la seconde du royaume, forte de 15 à 20 000 habitants.
L’intégration
à Lyon des pentes Saint-Sébastien, pentes
de La Croix-Rousse, par l’édification de l’enceinte de François 1er (tracé de l’actuel boulevard de La
Croix-Rousse) permet à la ville qui étouffe de s’agrandir. En 1521, Claude
Besson, « Maistre de la Monnoye »,
ouvre « à travers de ses vignes » une rue perpendiculaire à la
Grand’Côte pour installer son atelier des monnaies, la rue Vieille Monnaie
(aujourd’hui rue René Leynaud). S’installent bientôt là Oratoriens, Ursulines,
Capucins, Pénitents noirs du Crucifix et autres religieux, et ils y resteront jusqu’à la vente des biens du clergé
à la Révolution. C’est
sur ces biens nationaux que vont s’installer les ateliers de soierie, mais
après la Révolution seulement. Ces métiers, nouvellement installés alors, sont
tapis tout d’abord au pied de La Croix-Rousse vers Croix-Paquet et la
place Tolozan puis remontent les pentes peu à peu pour occuper sur des terrains
autrefois religieux un quadrilatère fermé par le Boulevard, les rues de Cuire,
Hénon et du Chariot d’Or mais en 1788, 788 métiers battaient déjà le long de la
Grand’Côte.
A suivre.
Par Pierre Coeur.
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