Sur les traces de glorieux aînés - 1
Fort d’une armée de 250 soldats
fantassins de la littérature, le général Jacques Bruyas lança une offensive en
Dauphiné, le 4 juillet 2015, pour retrouver la trace de glorieux aînés oubliés
en terre Dauphine, depuis fort longtemps pour certains. L’enquête s’avérait on
ne peut plus difficile car avec la chaleur plus cuisante que les années
précédentes et le début des vacances, nous nous retrouvâmes 25 prêts à suivre
l’enquête et à chercher des indices.
L’enjeu était de taille, à savoir, renforcer son corps d’armée et
l’initier aux leçons à tirer des anciens.
La petite troupe se retrouva place Jean
Macé à Lyon, lieu de bon augure pour cette expédition, puisque Jean Macé,
créateur de la ligue de l’enseignement, allait nous insuffler une écoute toute
particulière pour les apprentissages du jour.
Nous allions forcément suivre ses paroles : "Pour ceux qui veulent la République,
la vraie, celle de la liberté, il est bien évident que notre peuple n'en sait
pas assez, et que le premier besoin de ce pays est d'être couvert de sociétés
d'instruction." L’UERA sera
forcément un de ces lieux, en tous cas son général en est intimement persuadé.
La
petite unité se tenait donc très fière sur les marches de la mairie de Lyon 7è
pour la photo traditionnelle. Le général appela son intendance, mais comme dans
toute bataille, parfois des rouages nous malmènent. En effet, le véhicule de
transport des troupes ayant un retard certain, le général partit lui-même à sa
quête et se trouvant confronté aux services de sécurité, usa de ses capacités
de bonne tactique et tout rentra dans l’ordre.
Les kilomètres défilèrent dans
les plaines de l’Ain, quand nous passâmes à Ambérieu en Bugey. L’âme d’Antoine
de St Exupéry nous frôla. En effet, en 1912, il passe ses grandes vacances à St
Maurice de Remeins. Fasciné par l’aérodrome d’Ambérieu, situé à quelques
kilomètres, il s’y rend en vélo et passe des heures à observer avions et
mécaniciens. Un jour, il s’adresse au pilote Gabriel Salvez disant que sa mère
l’autorise à prendre le baptême de l’air.
Il effectue donc son premier vol. Notre petite troupe, admirative devant
cette anecdote, attend avec impatience la première halte pour en découvrir plus
sur Antoine de Saint Exupéry, né le 29 juin 1900 à Lyon et disparu en vol le 31 juillet 1944 en mer, au large de
Marseille, mort pour la France, écrivain, poète, aviateur et reporter français.
Nous nous recueillîmes sur sa tombe, déposant
une gerbe, ayant tous en mémoire ses paroles dans Le petit
prince : "Voici mon
secret. Il est très simple : on ne voit bien qu’avec le cœur. L’essentiel
est invisible pour les yeux."
Notre premier indice était tombé. Inutile
de dire que nous sommes entrés dans Saint Georges de Remeins très émus,
village dont Saint-Exupéry fera régulièrement allusion et où il a passé « les meilleurs moments de sa vie. » "Je suis de mon enfance comme d’un pays. Il était quelque part, un parc
chargé de sapins noirs et de tilleuls, et une vieille maison que
j’aimais."
Chacun avait en lui une idée de cet
homme, de ses idées, de sa valeur, mais entrer dans son domaine, marcher sur
ses pas, toucher le puits, entrer dans la chapelle, observer ce grand parc,
pénétrer dans ces lieux abandonnés et l’entendre presque, le deviner, entrevoir
un piano, une machine à écrire... ce petit prince collé à une fenêtre.
Un sentiment de tristesse nous envahit,
mais nous apprenons très vite que ce château désormais appartient à la
municipalité et qu’une association de sauvegarde et de promotion pour la maison
d’enfance de St Antoine de Saint-Exupéry est en place avec plusieurs projets
(membres du conseil municipal, bénévoles, adhérents, etc...). Notre général engage
alors toutes ses troupes pour un grand soutien et un éventuel partenariat afin
que du haut de son âme Saint Ex ne dise : "Le plus triste c’est, d’un chagrin, que l’on se demande est-ce bien
la peine. Je vous en ai voulu de me laisser attendre, et non de n’être pas
venue." (Lettre à l’amie inventée). Avant de quitter ces lieux, notre
général nous rappelle une anecdote de St Ex : "Je
possède à Saint-Maurice un grand coffre. J’y engloutis depuis l’âge de sept ans
mes projets de tragédie en cinq actes, les lettres que je reçois, mes photos.
Tout ce que j’aime, pense et tout ce dont je veux me souvenir.[...] Il n’y a
que ce grand coffre qui ait de l’importance dans ma vie." (Lettre à Rinette,
octobre 1926)
Chacun pensa sans doute,
et moi la première, à son carton, son rayonnage, ou son placard où il a
entreposé « l’essence de sa vie » et s’il ne l’a pas fait, il
pourrait bien se décider à l’entreprendre.
Nous voici avec deux nouveaux indices qui nous laissent pensif dans les
ruelles de ce village aux murs de pierres (galets) et de pisé.
A suivre.
Par Aicha Chérif. (texte et photos)
Beaucoup de sensibilité dans ces souvenirs de Saint-Ex. Merci de ce partage - Nicole (parisienne, mais qui aime beaucoup votre région) -
RépondreSupprimermerci à vous ....
SupprimerAïcha Chérif
Bonjour, malheureusement depuis votre visite plus de nouvelle de votre président. Nous avions espoir que son engagement ne reste pas lettre morte. Mais peut être que l'essentiel est invisible pour les yeux...
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