Suite et fin de l'extrait de Naven, roman publié chez L’Harmattan en
2010, par Maryse Vuillermet.
Marthe et
Maria, deux petites bonnes placées à Lyon, montent à Fourvière pour faire un vœu à Notre-Dame.
[...]
Maria pense à son vœu ; il
faut rentrer dans la basilique, monter un majestueux escalier d’accès, passer
sous un porche surmonté des quatre évangélistes et des lions de la ville et
pénétrer dans le sanctuaire surchargé d’or, de
mosaïques sur toute la surface des murs représentant des scènes avec
Marie, notre mère, de statues nombreuses et hautes. La nef n’a pas de fin, une
mer de chaises en bois. Marthe se glisse dans une travée et s’agenouille pour
remercier, rendre grâce de tant de beauté, de tant de bonté. Maria se dirige
vers les boîtes de cierge, en choisit un énorme, l’allume aux autres, le plante
dans le sable en se signant et, se met à réciter tout bas des prières. Marthe
voit ses lèvres trembler. Et elle, que peut-elle bien demander ? Elle se lève, en allume
un et demande que sa famille soit en bonne santé et lui conserve son amour.
Pourquoi cette prière ? A-t-elle peur que, là-bas, on l’oublie ou qu’elle,
ici, les oublie ? Elle ne sait pas mais elle sent bien que, malgré elle,
elle s’éloigne d’eux, elle les juge souvent à leur désavantage, elle s’en veut
tout de suite mais le mal est fait, la mauvaise pensée lui a échappé, bien-sûr,
ils n’en savent rien et ne peuvent le deviner car il faut avoir fait soi-même
l’expérience. Sa mère lui a parlé des dangers de la ville mais elle ne l’a pas prévenu contre la fascination et
l’admiration d’une autre façon de faire et de penser. Puisqu’elle ne savait
pas. Sa mère est venue ici en pèlerinage avec la paroisse avant son mariage, sa
mère a souhaité que ses enfants y viennent pour mieux gagner leur vie mais elle
ne pouvait pas prévoir que sa fille y viendrait seule en promenade, sans
surveillance, à pied, à travers toute la grande ville inconnue.
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