A l’origine de mon roman policier Le diable de
Montchat (Les Grilles d’Or – 2012), il y a un fait divers que j’ai lu
dans un journal : un violeur en série agressait des femmes à leur
domicile, en passant par une fenêtre ou en forçant leur serrure. Je n’ai aucun
souvenir de l’endroit où sévissait ce maniaque, mais cette histoire sordide a
servi de base de départ à mon « diable ». Mais pourquoi l’ai-je fait
sévir à Montchat ? Peut-être la raison m’en reviendra-telle en flânant
dans ce quartier…
Selon wikipedia, l’origine de « Montchat » serait
« mont chal », « chal » étant une déformation du mot
calcaire. Une colline domine le quartier de Montchat, où se trouve le parc
Chambovet, en limite de Bron. C’est le seul promontoire du secteur, on peut
supposer que c’est lui, le mont chat !
Montchat, quartier du troisième arrondissement de Lyon, était
auparavant un vaste domaine situé sur le territoire de la commune de la
Guillotière, limitrophe de Villeurbanne. La Guillotière fut intégrée à Lyon
courant du 19ème siècle. A cette même époque, le domaine de Montchat
appartenait à une riche famille, les Richard-Vitton et c’est sur leur impulsion
qu’il s’est urbanisé.
L’histoire est d’ailleurs belle et devrait inspirer certains
de nos richissimes concitoyens, crispés sur leur tas d’or, en partance pour la
Suisse, la Belgique ou pire encore, la perfide Albion ! Jugeons-en plutôt.
En 1856, Lyon est frappé par une terrible crue. Pendant tout le mois de mai,
Rhône et Saône montent sous l’effet de pluies diluviennes. Six mètres au pont
Lafayette pour trois habituellement… Dans la nuit du 31, la digue de la Tête
d’Or se rompt. Les eaux du Rhône inondent les quartiers de la rive gauche,
Charpennes, Brotteaux, Guillotière. Les maisons en pisée sont dévastées, sept
cents sont totalement détruites, mille huit cents fortement endommagées. On
déplore dix-huit victimes.
Beaucoup d’habitants de ces quartiers ont en même temps perdu
leur emploi. Ouvriers de la soie, ils travaillaient chez eux, sur un métier à
tisser installé dans leur logement…
C’est à la suite de ce tragique événement que la famille
Richard-Vitton donne une partie de son domaine de Montchat pour permettre la
construction de logements pour les sinistrés. C’est ainsi que ce quartier voit
le jour, desservi par des voies qui portent les prénoms de certains des membres
de cette illustre et généreuse famille : rue et place Antoinette, rues
Camille, Charles Richard, Julie, Julien, Louis, Louise, Constant, place Henri,
cours Richard-Vitton. La rue Balthazar porte, elle, le nom du chien familial.
Par contre, le cours Eugénie n’a rien à voir avec les Richard-Vitton : il
s’agit là de l’impératrice, épouse de Napoléon III. Avant-guerre, le cours du
docteur Long, axe principal de Montchat, s’appelait cours Henri. Il a été
rebaptisé pour rendre hommage au grand résistant montchatois, emprisonné et
torturé à Montluc en 1943 avant d’être exécuté par la milice. Sa maison est au
18 du cours.
Notons ici l’humour de nos élus : cours du docteur Long.
L’on dirait du morse… Mais c’est tout de même moins gros que dans certains
autres cas : La CUL fut le premier nom de la communauté urbaine de Lyon
avant de devenir COURLY, tout de même plus facile à porter… Autre sigle
provocateur : le SDF pour stade de France. Le summum ayant été atteint
lors de la crise de la vache folle. Pour rassurer le bon peuple, nos
technocrates n’avaient rien trouvé de mieux que le label « VF » pour
désigner l’origine française de la viande ! Il fut par la suite
discrètement transformé en « VBF », viande bovine française. Mais je
m’écarte de Montchat et de mon diable.
A suivre.
Par Jacques Morize.
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