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jeudi 12 mars 2015

Transport d'Afrique



Taxi-brousse

Désirant rentrer du Nord-Bénin, je comptais prendre l’avion à Ouagadougou le lendemain soir. Une ambulance de l’hôpital où j’avais un peu travaillé m’amena à la frontière du Burkina afin que j’y prenne le car « régulier ».

Ce jour-là, hélas, il ne l’était point ! La seule solution fut de fréter un taxi-brousse. Le conducteur de ce véhicule assez archaïque à 8 ou 10 places assises me fit donc payer - pas très cher – le prix du diesel aller et retour entre la frontière et Fada où un car parfaitement régulier lui, pourrait me conduire - et me conduisit bien plus tard - à Ouagadougou.

Bien que fort dépourvu de sens commercial, je compris vite comment notre autoentrepreneur gagnait sa vie. Il se faisait de la gratte en ramassant du monde dans les villages qu’il ameutait à coups de klaxon. Du monde, c’est à dire bien sûr les villageois qui accouraient soucieux d’aller au village ou à la ville voisins, mais avec ce qu’ils allaient y vendre : nous avions donc une poule à l’intérieur du véhicule picorant les restes d’arachides d’un précédent passager et six ou huit poulets sur le toit, la tête pendant devant les fenêtres et le bec dégobillant à tout va, c’est-à-dire à chaque cahot sur une piste en médiocre état, à l’extérieur ou à l’intérieur ; fort heureusement, j’étais à l’avant du véhicule.

Ce dernier se remplissait un peu en accordéon en fonction de la longueur du trajet emprunté par les uns ou les autres, mais ils furent par moment une petite quinzaine. Si la chaleur était au rendez-vous, de l’ordre de 50° C à travers une savane pas du tout arborée, l’ambiance était de plus chauffée par l’appareil à cassette ; ne m’accusez point d’avoir omis le « s » à cassette car il n’y en avait qu’une vantant de manière dithyrambique le sommet franco-africain de l’année précédente avec Jacques Chirac et Blaise Compaoré (« avec lui, on est à l’aise » disait le texte) alors chef de l’état burkinien ; le chauffeur, qui menait un train d’enfer, était plus soucieux de renfoncer la cassette arrivée à son terme que de surveiller la route. Nous avons fait 120 kilomètres en trois heures malgré ce train d’enfer car, dans chaque village, on stoppait longuement pour casser une croûte ou sans doute satisfaire à d’autres besoins que la nature commande (le même organe chez l’homme a plusieurs fins, ou faims si vous préférez !).

Par Pierre Coeur. 
Extrait de Curiosités d'Afrique subsaharienne, Alter éditions (e-book).



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