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jeudi 21 novembre 2013

Sur les pas de Louis Mandrin - 1

Louis Mandrin, le bandit bien-aimé.




Louis Mandrin fait partie de la culture dauphinoise au même titre que Bayard quoique dans un autre registre, dans une province qu’illustre fort bien ce titre de Stendhal, « le Rouge et le Noir » ! Comme vous, il s’est beaucoup promené en Rhône-Alpes et aussi au-delà. Il est né le 11 février 1725 à Saint-Etienne-de-Saint-Geoirs, dans la plaine de Bièvre de ce Bas-Dauphiné, région que l’on qualifie de Terres Froides et à 17 ans, va devoir subvenir aux besoins d’une famille qui comporte ses trois frères et ses quatre sœurs sans oublier « la miche de pain que Maman Marguerite dissimule sous son tablier » ! Délaissant un peu le commerce de la boutique, Louis se lance vers l’élevage et court de foire en foires. On lui donne au village le surnom de Belle Humeur. 

Avec deux associés, il s’engage à livrer 97 (« cent moins trois ») mules ou mulets bâtés et harnachés, pour le transport du ravitaillement de l’armée de Provence du maréchal de Belle Isle. Hélas pour Mandrin, dix des bêtes rassemblées meurent en tombant dans des ravins de montagne puis, les préliminaires de la paix d’Aix-la-Chapelle  du 18 octobre 1748 mettant fin à la Guerre de Succession d’Autriche conduisent le maréchal à licencier une partie de ses troupes. Mandrin, de Draguignan doit regagner le Dauphiné mais, parti avec 80 mulets, du fait de la nécessité de vendre nombre de bêtes, il arrive chez lui avec 16 ou 17 animaux squelettiques dont neuf reviendront à ses associés. 

La famine s’abat alors sur la maison familiale car il a engagé dans cette affaire les ressources du commerce et aussi car les fermiers généraux ne lui règlent pas son dû.  Pour faire vivre les siens, Louis se livre donc dès 1750  à une contrebande « banale » comme la frontière piémonto-savoyarde (et au-delà, la Suisse alémanique  via Genève) était proche et franchissable par les Grottes des Echelles ouvrant, et sur le bas Guiers Vif en France,  et sur le  col de Couz en Savoie ; il se cachait aussi, dit-on, dans les Grottes de La Balme ! 

En juillet 1753, au creux des Serves, une rixe se termine mal avec deux morts.  Louis Mandrin qui s’est enfui voit sa tête mise à prix et son nom inscrit sur le pilori de son village. De plus, les frères de Louis – Claude et Pierre – surpris à piller le tronc de l’église de Saint-Etienne sont condamnés aux galères pour le premier qui s’est enfui et à être pendu place du Breuil à Grenoble (aujourd’hui place Grenette) pour le second qui persistait à « fabriquer des fausses pièces à l’effigie du Roi », son exécution survenant le lendemain de celle de leur ami Brissaud, pris au creux de Serves, soit le 21 juillet 1753. 

C’en est trop, Louis Mandrin, poussé par le père Ambroise vieil ami de son père défunt, accepte de rejoindre le 25 au Pont-de-Beauvoisin Bélissard dit « Le Pays ». Ce dernier à la tête de ses troupes de contrebandiers, une dizaine d’hommes, veut attaquer la maison des Fermes Générales du village-frontière afin de délivrer des « gâpians » Gabriel Legat dit le Frisé arrêté par eux quelques semaines plus tôt. L’affaire manque tourner bien mal pour les contrebandiers et Bélissard, couché en joue par un employé de la ferme, ne doit la vie sauve qu’au réflexe de Mandrin. Le Guiers repassé au gué Popet, devant ses troupes regroupées en terre savoyarde, Bélissard nomme alors Louis Mandrin capitaine de ses troupes, restant lui son lieutenant.

Durant six mois, le jeune capitaine de 28 ans organise la troupe destinée à la guerre contre les fermiers généraux dont les procédés effrayent Louis XV lui-même et leurs séides, les « gâpians ». Grossissant les effectifs, entraînant les hommes qui sont surtout des Savoyards, assurant sécurité et intendance, il ne néglige pas l’aspect commercial de l’affaire. Il achète en particulier du tabac et des indiennes (toiles imprimées avec des tampons de bois introduites en Europe en 1648 par des marchands arméniens au temps des Compagnies des Indes orientales) en Suisse pour les revendre en France car, de 1686 à 1759, ces tissus étaient prohibés mais fort recherchés (y compris par la Pompadour pour ses appartements).

A suivre.  
 Par Pierre Coeur.


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