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Tableaux en attente d'écrits UERA

jeudi 9 juillet 2015

Promenade UERA en Dauphiné - 2

Nous étions vingt et quatre, à attendre, dans la ville caniculaire,

Vingt et quatre, au milieu de la foule lyonnaise, comme dans un désert,

Espérant rencontrer le petit Prince, au détour d'un chemin,

Comme Vladimir et Estragon, dans la prose de Beckett, en ce matin,

Où Dimitri commençait les tribulations d'une journée rocambolesque.



Elle commença par un départ tardif, sous un soleil de plomb,

Nous préparant à nous recueillir devant le caveau d'un aviateur.

Des amis à lui, dans un hommage émouvant, ont coloré le ciel

D'un panache tricolore. La patrouille de France à l'entraînement,

Prouva à tous quelle maîtrise on peut avoir de son appareil.



Saint-Exupéry, à Saint-Maurice de Rémens, aima, sans pareille,

La terre des hommes natale, son parc, son domaine,

A qui, par passion, une association rendra bientôt son âme.

Le petit prince nous sourit, au dessus de la chapelle familiale.

Jacques, au nom de l'UERA, souscrivit d'un commun accord,

Une adhésion en mémoire de l'ami d'un renard au coeur d'or.



Le petit prince terrestre, qui hantait ces lieux, n'empêcha pas

Qu'un voleur de livres ne dérobât argent et romans, mal gardés,

Dans le bus qui nous permit de faire connaissance, au cours de la journée.

Nous étions vingt et cinq, à présent. Dimitri et ses muscles tatoués,

Ayant souffert avec nous, devint notre compagnon de tablée.



Les routes sinueuses et la chaleur accablante,

Rendirent cette épopée poignante comme un pélerinage,

Et sur les traces d'Herriot, ou sur la tombe de Frédéric Dard,

Darda le soleil, comme l'évocation obscène,

D'un bon vivant et d'un amateur de prose rabelaisienne.



De la maison forte où tabous et boutades faisaient les gorges chaudes

De Mauriac, qui loua " la ruse cultivée " d'un maire, maître en rhétorique,

Nous vîmes la roche escarpée, les cascades pantagruéliques,

Et écoutâmes anecdotes et ragots.



En "Français moyens " de tout horizon, tout de go,

Nous gobâmes gobelet sur gobelet d'eau, ainsi que les propos,

De l'équipe talentueuse de Gallimard,

Venue à Brangue, malgré la gangue de chaleur,

Rappeler les liens étroits et passionnés d'un éditeur et de son auteur.



Tout en disposant, derrière le petit pont japonais,

Du plus beau rouge, un bouquet de fleurs,

Sur la tombe ensemencée de Claudel, à l'ombre de son érable pourpre,

Nous immortalisâmes notre visite à l'ambassadeur.



Le souvenir des trahisons d'Ysé, du huis-clos du Partage,

Nous émut au point que nos visages s'empourpèrent,

Et certains, de pudeur, préférèrent s'alanguir dans le Pré

En plein malaise, près du chapiteau de prose,

Où les comédiens jouèrent le drame, au milieu des roses.



L'amant de la littérature se fâchait dans sa correspondance enflammée

Avec un Parisien pygmalion, qui sut céder avec fermeté,

A bon nombre de ses demandes, parfois capricieuses, au nom du talent,

Et nos vingt et quatre membres, sous le charme, complètement,

Rêvèrent d'avoir un jour le culot d'écrire: le chemin du succès n'est barré

Que par un obstacle aisément franchissable. Le château chauffé à blanc

Dégageait un sentiment d'harmonie et de nostalgiques parents

Incarnaient la mémoire d'un écrivain voyageur, diplomate et franc.



Ses répliques, ses sarcasmes, sa verve catholique, avec ferveur,

Prouvaient son enthousiasme et envers Proust, une rancoeur,

Fondée sur des moeurs qu'il jugeait intolérables. Du fond de son coeur,

Il lui était impensable de distinguer l'homme de l'artiste,

Quand bien même il reconnaissait des qualités aux autres sur la liste:

Aragon, Céline, tant de contemporains décriés; l'art est-il inné ?



Ne sommes-nous pas chacun personnages autant que personne ?

Faut-il en déduire que nous nous multiplions à notre guise,

Pour ne paraître que ce que nous voulons montrer, en somme,

En fonction du contexte, du public, et des attractions soumises ?



" La chair contre l'esprit " résume bien cette mémorable journée.

Les corps exsudés ayant souffert à mesure que nos pensées convergeaient

Vers un idéal de l'écrit, adeptes d'éclectisme: de Dard à Saint-Exupéry,

En passant par Claudel, dans nos souliers de Lyonnais,

Les membres de l'UERA ont rappelé que les influences passées

Ont nourri des dramaturges, des poètes, et romanciers,

Comme Jacques Bruyas, humbles et inspirés, sur les traces desquels

Dans cent ans, on marchera peut-être, sous un soleil de plomb...

Par Cendrine Bertani.

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