Poursuivons l'histoire...
Thérèse et Gian refusèrent la réalité, ne pouvant se résoudre, elle à vivre sans lui, lui à la laisser appartenir à un autre. L'idée du double suicide se précisa...
Le Journal Encyclopédique de juin 1770 racontera, sous le titre "Double meurtre entre amant et maîtresse":
"Dans un moment d'abandon et de détresse, il lui fait répéter plusieurs fois que sans lui la vie lui serait odieuse, alors tirant de sa poche un flacon, "c'est du poison", dit-il et il l'avale. Son amante éperdue lui arrache le reste et le boit avec avidité. Alors il lui avoue qu'il n'a voulu qu'éprouver son amour et son courage."
Leur suicide est décidé. Faldoni feint de suivre les conseils de ses amis qui l'enjoignaient d'aller se reposer à la campagne. De son côté, Thérèse demande à ses parents l'autorisation d'aller calmer sa peine dans leur résidence secondaire d'Irigny, sur les bords du Rhône ; résidence appartenant aux Pères Jésuites et louée à la famille Lortet. Faldoni l'y retrouve ; il a apporté deux pistolets... Thérèse écrit à sa mère pour lui faire ses adieux.
Après avoir éloigné les domestiques, les deux amants s'enferment dans la chapelle de la maison. Ils se lient ensemble par le bras gauche avec un ruban dont chacune des extrémités est attachée à la détente de deux pistolets. Puis s'étant agenouillés au-devant de l'autel et ayant chacun appuyé leur pistolet sur le cœur, à la même seconde en tirant ensemble sur le ruban, ils se donnent mutuellement la mort...
La mère de Thérèse arrive trop tard : c'est elle qui découvrira les deux corps, "Thèrèse les yeux bandés avec un mouchoir, ledit Faldoni la tête couverte du coin de sa redingote..."
Le Journal Encyclopédique conclut :
"Ce misérable, qui a entraîné à un si cruel sacrifice une victime digne d'un meilleur sort, avait trente ans, et son amante à peine vingt. Cette scène tragique a transpiré, et la justice a été envoyée sur les lieux pour faire exhumer ces deux cadavres."
Le Journal Encyclopédique conclut :
"Ce misérable, qui a entraîné à un si cruel sacrifice une victime digne d'un meilleur sort, avait trente ans, et son amante à peine vingt. Cette scène tragique a transpiré, et la justice a été envoyée sur les lieux pour faire exhumer ces deux cadavres."
L'inhumation aura lieu à Irigny le 30 mai 1770.
En vertu de l'ordonance cy jointe en date de ce jour trentieme may mil sept cent soixante et dix, rendue par monsieur le juge de la juridiction d'Irigny, nous soussignés vicaire de ladite parroisse d'Irigny avons inhumé le même jour etan que cy dessus le corps de Marie Lortet, fille de Sieur Lortet dit meunier traiteur demeurant à Lyon rue Sirène et de Claudine Girardin son épouse en la dite demeure en présence de Sieur Jaque Girardin son oncle teneur de livres à Lyon et de Charles Jantet Me charpentier à Lyon qui ont signé ledit Jantet avec sa marque ordinaire.
En vertu de l'ordonance cy jointe en date de ce jour trentieme may mil sept cent soixante et dix, rendue par monsieur le juge de la juridiction d'Irigny, nous soussignés vicaire de ladite paroisse d'Irigny avons inhumé le même jour etan que cy dessus le corps de Sieur Faldony, italien de nation, maître en fait d'armes demeurant à Lyon dont on ignore la patrie, en présence de Sieur Jaque Girardin teneur de livres audit Lyon et de Charles Jantet Me charpentier en la susdite ville qui ont signé ledit Jantet avec sa marque ordinaire.
- On remarque que "Thérèse" s'appelait en fait Marie... Selon les sources on la trouve aussi prénommée Marie-Thérèse.
- Aucune précision n'est donnée sur l'âge ni la raison du décès ; non plus sur le lieu d'inhumation : il s'agissait d'un suicide, celle-ci n'a donc sans doute pas été effectuée au cimetière et encore moins en l'église d'Irigny... Il est possible que leur tombe ait été creusée dans la propriété des parents de Thérèse ; mais les registres restent laconiques sur cette affaire qui heurtait les sensibilités, sinon morales, du moins religieuses, des habitants du village.
- Aucune précision n'est donnée sur l'âge ni la raison du décès ; non plus sur le lieu d'inhumation : il s'agissait d'un suicide, celle-ci n'a donc sans doute pas été effectuée au cimetière et encore moins en l'église d'Irigny... Il est possible que leur tombe ait été creusée dans la propriété des parents de Thérèse ; mais les registres restent laconiques sur cette affaire qui heurtait les sensibilités, sinon morales, du moins religieuses, des habitants du village.
[Selon les anciens Irignois, la maison en question a longtemps été conservé en l'état, mais la chapelle a disparu lorsque l'on a ajouté un étage. En 1960 ne subsistaient deux ouvertures dans le mur extérieur. La maison et la chapelle des suicidés ont été démolies en 1976 (communication de Monsieur Louis Dunand, historien d'Irigny]
A suivre.
Par Emmanuelle Cart-Tanneur.
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