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mercredi 20 mars 2013

Souvenirs entre Lyon et Oullins - 1



Promenons-nous avec les souvenirs de Dana Lang...


[…]

Dans le quartier de « la Plaine » à Lyon, mes parents nous emmènent souvent nous promener au Parc de la Tête d’Or, promenade préférée des Lyonnais. Et aussi, ils nous baladent au Parc de Parilly, à côté de chez nous. Les arbres viennent d’être plantés et ils ne sont guère plus hauts que moi. Mon père aime ce parc, ne lui rappelle-t-il pas, avec nostalgie, son Alsace tant aimée ?

Le dimanche, avec l’arrivée des beaux jours, les Lyonnais vont pique-niquer sur le boulevard de ceinture (je m’en souviens comme si c’était hier). Ils viennent à pied et prennent avec eux le panier qui contient nappe, casse-croûtes et boissons. Une fois arrivés, ils s’installent sur l’herbe tendre, grasse et verte, entre les deux rangées de vieux platanes qui ornent cette route romantique devenue, à présent, le périphérique lyonnais pollué et obstrué d’automobiles.

Finie, pour toujours, la douce quiétude d’autrefois.

Nous, nous ne dérogeons pas à la règle, mes parents nous convient, eux aussi, à aller pique-niquer, là-bas. Pour nous y rendre à pied, nous allons au bout de notre rue. Là, nous traversons les champs de bleuets et de coquelicots et nous y sommes rapidement.

Mes parents nous conduisent, aussi, parfois dans le centre de Lyon pour nous faire photographier sur la Place Bellecour avec les pigeons (photo traditionnelle) et pour aller nous vêtir lorsqu’ils reçoivent les « bons de la Mouette » (tout premier crédit).

[…]

Puis, mes parents envisagent de quitter ce quartier pour trouver un logement plus adéquat à leur famille nombreuse. Les commodités pour se laver manquent. L’étroitesse et l’insalubrité du logement deviennent insupportables. A Lyon, après la guerre, les gens vivent très pauvrement et bien mal logés. Beaucoup sont installés dans des bidonvilles. Je me rappelle de cela car c’est une image que l’on ne peut jamais oublier... la pauvreté. Il existait un immense bidonville à la place de la piscine du Rhône, Place du Pont, qui a perduré de très nombreuses années. Puis, tous les pauvres ont été jetés dans les banlieues. C’est ce qui est arrivé pour nous. Ma famille emménage à Oullins dans une tannerie désaffectée appelée « Cité de transit ». Ce que je considère, à douze ans, comme un terme humiliant et effrayant. Rien n’est esthétique ici. Les autorités y entassent les Lyonnais pauvres mais aussi toute cette population, d’après-guerre, immigrée ayant fui la terreur. Cet endroit est encore une Cour des Miracles, colorée, vivante, joyeuse, faite de tous ces gens venus de tous les coins de Lyon avec, maintenant, un gros arrivage de pieds-noirs, rapatriés par la guerre d’Algérie qui vient gonfler cette armée de miséreux. Elle offre un avant-goût, un échantillon des futures ZUP.

A suivre.
Par Dana Lang.
Extrait de Les sanglots du ventséditions La fontaine aux fées, septembre 2011.
 

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