Promenons-nous avec les souvenirs de Dana Lang...
[…]
Dans le quartier de « la Plaine » à Lyon,
mes parents nous emmènent souvent nous promener au Parc de la Tête d’Or,
promenade préférée des Lyonnais. Et aussi, ils nous baladent au Parc de
Parilly, à côté de chez nous. Les arbres viennent d’être plantés et ils ne sont
guère plus hauts que moi. Mon père aime ce parc, ne lui rappelle-t-il pas, avec
nostalgie, son Alsace tant aimée ?
Le dimanche, avec l’arrivée des beaux jours, les
Lyonnais vont pique-niquer sur le boulevard de ceinture (je m’en souviens comme si c’était hier). Ils viennent à pied et prennent avec eux le panier qui
contient nappe, casse-croûtes et boissons. Une fois arrivés, ils s’installent
sur l’herbe tendre, grasse et verte, entre les deux rangées de vieux platanes
qui ornent cette route romantique devenue, à présent, le périphérique lyonnais
pollué et obstrué d’automobiles.
Finie, pour toujours, la douce quiétude d’autrefois.
Nous, nous ne dérogeons pas à la règle, mes parents
nous convient, eux aussi, à aller pique-niquer, là-bas. Pour nous y rendre à
pied, nous allons au bout de notre rue. Là, nous traversons les champs de
bleuets et de coquelicots et nous y sommes rapidement.
Mes parents nous conduisent, aussi, parfois dans le
centre de Lyon pour nous faire photographier sur la Place Bellecour avec les
pigeons (photo traditionnelle) et pour aller nous vêtir lorsqu’ils reçoivent
les « bons de la Mouette » (tout premier crédit).
[…]
Puis, mes parents envisagent de quitter ce quartier pour
trouver un logement plus adéquat à leur famille nombreuse. Les commodités pour
se laver manquent. L’étroitesse et l’insalubrité du logement deviennent
insupportables. A Lyon, après la guerre, les gens vivent très pauvrement et
bien mal logés. Beaucoup sont installés dans des bidonvilles. Je me rappelle de
cela car c’est une image que l’on ne peut jamais oublier... la pauvreté. Il
existait un immense bidonville à la place de la piscine du Rhône, Place du
Pont, qui a perduré de très nombreuses années. Puis, tous les pauvres ont été
jetés dans les banlieues. C’est ce qui est arrivé pour nous. Ma famille
emménage à Oullins dans une tannerie désaffectée appelée « Cité de
transit ». Ce que je considère, à douze ans, comme un terme humiliant et
effrayant. Rien n’est esthétique ici. Les autorités y entassent les Lyonnais
pauvres mais aussi toute cette population, d’après-guerre, immigrée ayant fui
la terreur. Cet endroit est encore une Cour des Miracles, colorée, vivante,
joyeuse, faite de tous ces gens venus de tous les coins de Lyon avec, maintenant, un gros arrivage de
pieds-noirs, rapatriés par la guerre d’Algérie qui vient gonfler cette armée de
miséreux. Elle offre un avant-goût, un échantillon des futures ZUP.
A suivre.
Par Dana Lang.
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