Si les premières représentations furent données dans
la chapelle des Pères Antonins, en 1838, la troupe familiale créée dans les
années 1820 avec Josserand, le gendre, et le fils Étienne, s’installe place des
Célestins entre deux incendies du théâtre. En 1852, Jean-Jacques, fils d’Etienne, et Vuillerme (Victor-Napoléon
Vuillerme-Dunand), rue Port-du-Temple, conduisent Guignol à son apogée jusqu’à
1890 à côté de la troupe Josserand - Rousset installée en 1862 passage de
l’Argue sur une scène dessinée par Girrane, et bien d’autres troupes (93
demandes dans la seconde moitié du siècle dont la plupart furent refusées pour
cause d’esprit frondeur), « dérangeant » le préfet impérial dont la
censure impose des textes préalables qui furent très « remaniés » sur
scène. Il existe même un Guignol à Paris puisque la comtesse de Ségur l’évoque
dans Quel amour d’enfant. Au dos de
la stèle portant le buste de Laurent Mourguet, place du Doyenné, figure la
liste des artistes de l’époque dont Nizier du Puitspelu, alias Clair Tisseur,
fondateur de l’Académie du Gourguillon.
Le Théâtre lyonnais de Guignol, publié en 1865 de manière anonyme par
Jean-Baptiste Onofrio, respectable magistrat qui s’encanaillait aux Guignols,
est expurgé de toute gauloiserie et autres propos grivois mais nous permet de
retrouver des pièces du répertoire comme le Pot
de confiture.
Après 1878, Rousset, au Théâtre du Gymnase quai
Saint-Antoine, embourgeoise le Guignol populaire et parodie les opéras joués à
Lyon (Faust, Carmen…) comme dans Guignol
Tell. Les textes imposés par la censure impériale, ceux d’Onofrio et ceux
de Rousset, qui perpétue l’habitude, sont précieux pour les historiens de ce
théâtre très particulier. Le 30 avril 1865, Barillot sort le premier numéro sur
83 du Journal de Guignol, écrit en
partie en patois, qui récolte quatre procès sans compter amendes et mois de
prison ; prédécesseur de La
Marionnette (1867-1868), Guignol
Illustré (1876-1878), L’Ancien
Guignol (1882-1885) et Guignol
lancé en 1914 par Victor Lorge et qui tient toujours.
En 1907, Eléonore Josserand,
une descendante, relance une troupe Guignol familiale devant les 450 places du théâtre du quai
Saint-Antoine, racheté à Rousset, et elle aura un immense succès, même au plan
national, jusqu’à l’apparition du cinéma et la guerre de 1939. Durant la Grande
Guerre, Guignol vint même participer à l’« Union sacrée » et entre
les deux guerres, il défile dans la rue.
En
1956, Jean Brunel (alias Jean-Guy Mourguet car descendant de la fille de
Laurent) relance le « Guignol classique »
tout d’abord au
musée Gadagne (devenu musée de la Marionnette), puis rue des Marronniers, rue
Saint-Georges au « Petit Bouif » et enfin rue Garrand avec le Guignol
officiel, près du Conservatoire, aidé depuis 1990 par la commune de Brindas qui
a son propre Guignol, faute de l’aide de Michel Noir alors maire de Lyon ! Mais
classiques ou non, les marionnettes sont donc nombreuses, les castelets aussi.
Le succès de Guignol s’exprime également sur les innombrables affiches, timbres
postaux, enveloppes, étiquettes de bouteilles de vins du Beaujolais voire des
Coteaux du Lyonnais !
Si un Lyonnais a animé
longtemps sur France 2 une émission inspirée par Guignol, les Guignols de
l’Info sont aujourd’hui la version télévisée de Guignol même si les
« têtes de Turc » ont changé depuis la fin du XIXè siècle.
Par Pierre Coeur.
Rajoutons qu'en 2013, Guignol affronte le crocodile de Ouagadougou par l'intermédiaire de Jacques Bruyas. (pièce jouée jusqu'au 2 juin à la Maison de Guignol - plus de renseignements sur la page Agenda de l'autre blog UERA).
Pour en savoir plus :
Lyon d’art et d’histoire (Editions La
Taillanderie, 1999) par Marie-Agnès
DEVOS, Gérald GAMBIER et Louis JACQUEMIN
Guignol,
cœur de gone, tête de bois (Editions Le Dauphiné Libéré 2009) par Annie CROUZET