Il est des personnages incontournables lorsqu'on se promène en Rhône-Alpes...
Laurent Mourguet,
né en 1769 rue Saint-Georges au pied de la montée du Gourguillon, fils d’un
« fabriquant » (maître-ouvrier tisseur) au chômage, était illettré
comme son épouse, canuse aussi, puisqu’ils ne signent pas leur acte de mariage
en 1788 comportant la mention fameuse « pour ne savoir de ce que enquis ». Il fut emprisonné un temps
fin 1793 comme muscadin et échappa de peu à la guillotine ; débutant canut
tout jeune, puis marchand-forain et « dentiste » (arracheur de
dents), il finit sa vie en 1844 à Vienne en Isère, toujours marionnettiste ou plutôt
« saltimbanque » comme le mentionne son acte de décès. Le couple eut
dix enfants dont beaucoup furent les assistants de leur père dans cette
activité. La statue de Laurent trône place du Doyenné, il figure déjà sur
l’horloge Charvet installée en 1852 avec des personnages en cuivre mais têtes
en bois (Guignol, Gnafron, Polichinelle) et un collège d’Ecully porte son nom.
Dérogeant
du théâtre de marionnettes dérivé de la Commedia
dell’arte et de Polichinelle en particulier, dont le « castelet »
accompagnait son activité d’arracheur de dents - il fallait attirer le client
puis le distraire pendant la séance - il avait créé en 1804 Gnafron, image de
son ami Lambert Grégoire Ladre dit « le père Thomas » première
marionnette lyonnaise statufiée à Baugé, puis en 1808 Guignol, son image à lui, du nom de Chignol, ami
italien de son père ou du village italien de Chignolo d’où cet ami était
originaire. Il sculpte ces personnages de ses mains et les habille comme les
canuts d’alors : Guignol porte veste de bure à collet ornée d’un nœud
papillon et se coiffe d’un chapeau mou de cuir noir à oreillettes rabattues sur
sa natte de cheveux enrubannée, qu’il nomme « salsifi ». Gnafron
(nom tiré de gnaffre, cordonnier, ou
en parler lyonnais « regrolleur »
voire « bouif ») est
vêtu du tablier en cuir de son métier et sa tête est recouverte d’un haut-de
forme tout cabossé. Si Guignol a des yeux malicieux et un nez mutin,
l’appendice nasal rouge et boursoufflé de son compère traduit sa propension
pour le beaujolais. Quincieu-en-Beaujolais a dédié une statue à la marionnette.
D’autres
personnages viendront ensuite animer le castelet : le juge Cadet, le
propriétaire Canesous, le gendarme et surtout Madelon, l’épouse (la fenote) de Guignol qui, malgré les coups
de bâton en retour, lui reproche ses abus de vin et de cochonnaille ! Le
métier Jacquard, la « bistanclaque »
(onomatopée du bruit du métier) est naturellement un autre « acteur »
d’importance. Filoutant les riches, cognant sur les gendarmes, Guignol se fait
l’ami des « petits », des faibles, en critiquant les injustices à
partir de l’actualité. Le déménagement est
la plus célèbre des pièces des débuts et son cadre est La Maison du Soleil.
A suivre.
Par Pierre Coeur.
Par Pierre Coeur.
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