Un quartier futuriste... !
Lyon est une ville singulière car chacun de ses
quartiers - parfois calqué sur un arrondissement - se conjugue à un temps et un
mode différent…
Il y a les quartiers nostalgiques
comme la Croix-Rousse - nostalgie entretenue dans un esprit « bobo »
comme le définissent les ethno-sociologues - ; il y a les quartiers
« archéo-archaïques » comme le conservatoire des trois
« saints » Saint-Georges, Saint-Jean, Saint-Paul ; il y a les
quartiers « présents » et forcément plus remuants par cooptation
comme les « Berges », la cité Internationale (avec un complexe
cinématographique) ou encore le pôle de Vaise (pour des raisons
analogues) ; il y a les quartiers en promesse vive ou constante comme le
« Confluent » ou Gerland et puis il y a des ilots urbains en
perpétuel futur... parce qu’ils ont toujours eu une longueur d’avance, une vision
prospective et perspective de l’urbain… Certes, parfois le futur devient
antérieur quand les ans ont décliné les attentes des riverains, ou conditionnel
quand on espère avec une fidélité inébranlable ; mais aussi nous trouvons
un futur simple voire « futuriste », et c’est le cas de cet ilot
citadin des Brotteaux.
Comme si Lyon se projetant dans une cinquième dimension
réalisait au gré des changements justement de cette dimension
« virtuelle » des audaces architecturales comme nulle part
ailleurs… Au point de fixer des soucoupes volantes en béton sur les toits d’un
immeuble voisin… !
Car si « Brotteaux » d’abord
« broteaux », prononcés « breteaux » par les lyonnais et
écrit avec un seul t viendrait de la racine latine de brouter(là où paissaient
les troupeaux) on ne peut pas dire que c’est un quartier défunt où l’on déguste
justement les pissenlits par la racine.
Dans l’invention industrielle comme dans l’horreur (et
quelque part l’erreur) historique, les Brotteaux se distinguèrent. A l’emplacement
de l’Hôtel des Ventes des Commissaires-priseurs
C.Aguttes, A.Savart, G.Richard eurent lieu les premières ascensions de la
Montgolfière en 1784 ; et en 1793 utilisant ces terrains de plaine entre la
zone approximative de la rue Tête d’Or à l’actuel boulevard des Brotteaux, on y
fusilla à qui mieux-mieux les opposants au jacobinisme révolutionnaire après
qu’en 1792 on y eut fait la fête de la Fédération et de l’Etre suprême. Enfin en
l’actuelle place Jules Ferry, Laurent Mourguet se produisit devant un public
lyonnais en promenade à la campagne et en baignade puisque le Rhône généreux et
encore non « domestiqué » par des barrages avait des résurgences dont
un petit lac naturel en ces lieux. Dès 1808, Laurent Mourguet implanta son
castelet en la plaine des « broteaux » éclipsant en l’esprit des
lyonnais le Polichinelle italien pourtant très populaire.
A suivre.
Par Jacques Bruyas.
Extrait de Flâneries.
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