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dimanche 21 avril 2013

Les quartiers de Brotteaux - 3

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Les trains partant de cette gare allaient vers l’Est de la France (d’où de sinistre mémoire les départs et retours - pour ceux qui revenaient, et dans quel état - des poilus en 1914-18). Mais cette gare desservait aussi et surtout Genève et les Alpes-Dauphiné et les hôtels aux alentours étaient des palaces identiques à ceux de la Suisse. La Brasserie des Brotteaux  est un vivant témoignage de la richesse décorative et de la recherche « art nouveau » d’alors.
Devant la gare passe l’avenue du Général Brosset.
Le Général Diego Brosset (né à Buenos Aires en 1898 et mort en 1944 d’un accident de jeep dont le chauffeur qui n’était autre que le comédien Jean-Pierre Aumont réchappa) est le libérateur de Lyon en 1944 à la tête de la Première Division de la France Libre qu’il commandait en Italie puis dans le midi de la France. Avant 1945 la rue portait le nom de Jules Ferry, ce qui faisait double emploi avec la place voisine.
La place Jules Ferry va de la rue Juliette Récamier à la rue Lalande. Cette vaste place monumentale a été aménagée en même temps que la gare des Brotteaux à la fin du XIX ème siècle et au début du XXème. Il faut se souvenir qu’avant cet espace et celui occupé aussi par les bâtiments hâtivement évoqués plus avant, étaient une pièce d’eau mi-lac naturel, mi-étang ou mare dans laquelle les enfants du quartier se baignaient et où l’on pouvait voir des lavandières, aux croupes avantageuses de par leur position pour frotter le linge, vaquer à leurs tâches ménagères, et des bêtes s’ébrouer et s’abreuver.
On a donné à cette place le nom de Jules Ferry (Saint Dié 1832-Paris 1893) tristement célèbre chez les écoliers pour avoir rendu obligatoire l’école !
Sur cette place prochainement redessiné par le projet de parking, on peut admirer deux petits bassins sympathiques avec des alimentations en eau zoomorphiques (tortues et grenouilles) et une statue très massive de Mr Barbero, Député du Rhône et élu du quartier faisant office de maire avant guerre et donc avant la loi PLM de redistribution administrative des grandes agglomérations urbaines. Cette place accueille la rue Lalande correspondant pleinement à notre évocation d’un quartier futuriste de par le patronyme qu’on lui a attribué. En effet il existe toute une famille d’astronomes français du nom de Lalande. Celui qui est en cause ici est le plus célèbre et le plus local par sa naissance : Joseph-Jérôme Lalande (Bourg 1732-Paris 1807) directeur de l’Observatoire de Paris de 1768 à sa mort, auteur d’une « Histoire Céleste Française » décrivant la position de 50000 étoiles. Il était convaincu que l’homme réussirait un jour des voyages interplanétaires.
C’est pourquoi,comme nous le signalions au début de notre évocation, un architecte humoriste a posé sur le toit de l’un de ses immeubles des auvents de balcon en forme de soucoupe volante. Rappelons également le central téléphonique Lalande et les numéros d’alors LAL 43 20 ou LAL 12 63…
Le chemin de fer (d’où descendit à deux reprises, venant d’Amiens dont il était adjoint au maire, le grand Jules Verne venant retrouver entre autres ses amis circassiens les Rancy pour lesquels il écrivit « César Cascabel », ou venant finaliser un de ses guides de voyage - ancêtre du Routard - qu’il signait avec Adolphe Joanne), le chemin de fer donc, l’aérostat, l’avion (de par l’implantation Bvd Jules Favre d’une usine de pièces détachées Latécoère et Voisin), le téléphone, les voyages, les soucoupes volantes, l’installation de plusieurs détaillants de matériel informatique ou de nouveaux médias, des architectes entreprenants comme entrepreneurs… sans conteste ce quartier est un peu le Métropolis de Lyon ou le Gothamcity (la partie obscure oubliée) du sixième arrondissement… et ces allusions ne sont pas totalement gratuites ou farfelues puisque outre les écrivains lyonnais qui se réunissaient au café des voyageurs, actuel café de la Gare (H.Béraud, M.Achard, G.Chevallier, B.Clavel…), on trouvait dans les années soixante autour du peintre et jazzman Raul Bruckert de jeunes dessinateurs de BD comme Moebius rejoint plus tard par Tardy entre autres et deux étudiants américains de passage : Paul Ryan et Sal Buscema le premier dessinateur des « Quatre fantastiques », le second du célébrissime « Spiderman », deux BD cultes des Marvel Comics dont l’éditeur pour la France est l’entreprise lyonnaise Semic…

Par Jacques Bruyas.
Extrait de Flâneries.

2 commentaires:

  1. Permettra-t-on à mon chauvinisme d'ajouter que le général Diego Brosset était un enfant du Grand Lyon, de Rillieux alors dans l'Ain dont un parc porte toujours le nom de la famille et la rue derrière la mairie celui du libérateur de Lyon ?

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