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jeudi 9 octobre 2014

Frontières naturelles ?




Promenades macabres au fil du Rhône

Ces macabres promenades peuvent illustrer le caractère discutable d’une frontière aussi peu « naturelle » que le Rhône.

Vers 1960, à Lyon, les Algériens du FLN et du MNA réglaient volontiers leurs comptes de façon sanglante et les victimes étaient jetées à la Saône ou au Rhône. Ces macchabées vicieux allaient dans un cas comme dans l’autre atterrir  sur un banc de sable du fleuve, rive gauche face à Saint-Pierre-de-Bœuf.

La loi veut que la commune prenne en charge le cercueil et les obsèques de tout cadavre égaré sur son domaine mais le « hic » étaient que ce banc de sable appartenait à Saint-Pierre-de-Bœuf (Loire) avec unique accès par la rive  gauche iséroise. Facteur aggravant, pour franchir le fleuve, il fallait emprunter le pont amont arrivant dans le département du Rhône ou celui aval reliant Isère et Ardèche.

Tout cela n’eut pas été grave si une coutume aussi vieille que la délimitation des communes, plus exactement des paroisses alors, voulait que l’on acquitte une taxe à chaque sortie de paroisse ! Le franchissement des limites diocésaines justifiait une taxe plus rondelette encore. Le conseil municipal de Saint-Pierre s’est donc réuni à huis clos : il a décidé d’édifier une cabane sur le fameux banc de sable et d’y loger un clochard avec en contrepartie le devoir de pousser dans le courant du fleuve à l’aide d’une gaffe tout arrivant importun !

Dès mon plus jeune âge, on m’a inculqué la notion de « frontières naturelles », du « pré carré » cher à Vauban … dans l’hexagone. C’était beau mais c’était faux comme du Chateaubriand. Dix-huit mois au bord du fleuve Congo, voie de relation ancestrale pour les Bantous des deux rives transformée par les Occidentaux en frontière aussi peu naturelle que le vingtième parallèle ou que le Rhin séparant des cousins très germains, voire la crête des Pyrénées taillant à travers les terres catalanes ou basques, m’ont fait réviser ces notions. Plus amène que Léo Ferré, je n’irai cependant pas jusqu’à chanter « Merde à Vauban » !

Par Pierre Coeur.
Extrait de Mémento de l’Histoire du Dauphiné, éditions des Traboules, 2012.



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