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dimanche 27 janvier 2013

Berlioz, enfant de La Côte-Saint-André (Isère)


Et si nous nous promenions sur les traces de Berlioz ?
Hector Berlioz est un enfant de la Côte Saint-André une paisible bourgade du Dauphiné, une contrée de l'Isère définie sous le vocable de terres froides (certes en rapport avec le gel constant en hiver mais signifiant surtout terres peu productives (on y cultiva longtemps le tabac), de ces terres dont les figuiers s'assèchent comme frappés par la parole christique).
 


Berlioz par M. Clavaud d'après Signol, 1830.



Berlioz par M. Clavaud d'après Courbet.

Berlioz a souvent été attaqué par la caricature : son physique « d’aigle irrité, impatient de l’espace et auquel on a refusé l’essor », selon le mot de Théophile Gautier, ne devait pas toujours inspirer des variations pour thèmes lyriques.

Plus souvent, ces cheveux en bataille, cette prestance fracassante, ne furent pas transfigurés dans une vision romantique, mais bien plutôt défigurés par la plume acerbe des caricaturistes. Qui n’a en tête le « concert à mitraille » que dirige un Berlioz tonnant, fier et chevelu, et dans lequel, à côté des instruments traditionnels, viennent se ranger des canons ?

L’opinion publique, frivole, mais impressionnable, s’attachait ainsi aux seuls aspects gigantesques des partitions de Berlioz, ou, pour employer sa propre terminologie, au caractère « babylonien », « pyramidal », de sa musique.

Mais il est un autre genre de caricatures qui ne s’en prend pas uniquement au musicien. Je veux parler de celles qui confondent en une même vision le musicien et l’écrivain, pour souligner ce qui leur semble être une contradiction : on ne saurait cultiver deux arts à la fois.

Prenez par exemple ce dessin tapageur paru au lendemain de l’échec de « Benvenuto Cellini » : le maestro inspiré qui fait résonner les mesures de son GRRRAND opéra (plusieurs R dans la légende), tient de son autre main une plume de feuilletoniste. Un si mordant journaliste, un chroniqueur aussi habile, ne saurait être un musicien.

Prenez encore ce dessin de Grandville : « deux mains pour un seul homme ». On y voit deux mains droites, en éventail, celles de Berlioz. L’une tient une baguette de chef d’orchestre, l’autre, une plume qui libelle un « feuilleton musical ».

C’est que la caricature est douée pour saisir un malentendu, pour le mettre en image, pour tendre au public une vision schématique mais alléchante ; elle résume, abolit les nuances intimes de l’être en grossissant, par contraste, ses défauts saillants - ou même, moins que ses défauts, ses caractéristiques.

Pourquoi tant parler de caricatures ? Parce que l’image de Berlioz est plus souvent une caricature qu’un portrait. Ce fut une première raison pour moi de m’intéresser à ce musicien réputé fracassant, champion des orages désirés, à cet écrivain brillant, à ce redoutable journaliste. Ce héros des bandes dessinées de l’époque valait sans doute la peine d’être scruté plus profondément, et en particulier à travers cette insolente et superbe contradiction du musicien écrivain. C’était ce dilemme – ou cette dualité – qui me captivait.

Pourquoi ce grand musicien en était-il arrivé à devenir esclave des feuilletons ? Parce qu’il lui fallait vivre. « Fatalité ! Je deviens critique ! » s’est- il exclamé. On conçoit fort bien que cet « aigle impatient de l’espace » ait été irrité de se livrer à l’analyse d’œuvres à tout-venant, par exemple, Pigeon-vole.

Lui, l’amoureux du beau, du sublime, voir régulièrement figurer la médiocrité dans le carcan de son emploi du temps journalistique ! Il y avait là de quoi lui « donner le choléra », pour reprendre son expression énergique… mais amère.

Et pourtant, dans tout propos, quel bonheur de style, quelle virtuosité, quel enchantement du langage ! Malicieux, frondeur, sarcastique, mais avec quelle prestance ! Et il n’y a pas que de malheureux opéras comiques au répertoire de la Muse ; soyons juste : la Presse est une tribune de choix, pour l’orateur qu’est Berlioz, lorsqu’il s’agit d’entonner un hymne à la gloire de la belle musique.

« Fatalité » que ce métier ? Ou don ?

Berlioz par M. Clavaud d'après Baugniet, 1851





Par Monique Clavaud. Avant-propos de sa thèse "Hector Berlioz, visages d'un masque. Littérature et musique dans la Symphonie fantastique et sa suite." 
A suivre : Berlioz écrivain de sa musique.

8 commentaires:

  1. le premier portrait est de Signol mais, tout comme celui de Courbet, c'est mon pinceau qui l'a revisité. Merci pour cet accueil qui déclenche en moi la vision d'une jeune fille apparemment très calme devant son jury de thèse...

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    1. Les précisions concernant les tableaux sont rajoutées.
      Amicalement.

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    2. votre site est décidément fantastique et là je sais de quoi je parle, amicalement à l'équipe merveilleuse

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  2. Bravo Monique ! Je suis toujours en train de savourer à petites doses ton mémoire pour ta thèse. Fantastique ! (eh oui, comme sa Symphonie fantastique !)...

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  3. Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.

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