Naven, roman de Maryse Vuillermet, publié chez L’Harmattan en
2010, est l'histoire
des petites bonnes venues d’Ardèche ou d’Italie pour travailler à Lyon, de leur
intégration, de leurs victoires et de leurs difficultés.
En voici un extrait (en trois épisodes).
Marthe et
Maria placées à Lyon montent à Fourvière.
Un
autre dimanche inoubliable a été la montée sur la colline de Fourvière, toujours avec Maria qui avait décidé d’aller
mettre un cierge à Notre Dame de Fourvière. Comme toujours, elle n’a pas dit
quel vœu elle veut faire et Marthe ne l’a pas questionnée. Marthe pose rarement
des questions personnelles, elle tient cette habitude de sa famille où on ne
parle jamais de choses personnelles. Elles ont traversé leur pont de la Guillotière, le vent glacé de
novembre les a coupées en deux par le travers, puis, la place Bellecour, elles ont pris le pont Bonaparte plus
abrité, elles ont contourné la cathédrale Saint-Jean et attaqué la montée du
Chemin Neuf qui prend la colline de biais et s’élève lentement au-dessus des
quartiers de Saint-Jean et Saint-Georges. Elles sont arrivées sur la vaste
esplanade qui domine la ville et se sont penchées à la balustrade pour
contempler Lyon, leur ville à elles qui
sont venues de si loin, l’une du Lac Majeur, petites vignes, tous petits champs
et l’autre de l’Ardèche, pays de chèvres, aride et dur aux paysans. Comme dit
Maria : « Je suis venue de loin avec mes parents et j’ai fait ma
promotion, je sais ce que je veux, combien ça coûte et ce qu’il faut faire de
mois pour l’avoir et personne ne pourra plus jamais me faire casser de la glace
en plein hiver, la tête et les mains dans des chaussettes de laine, un sac
rempli de feuilles de maïs sur la tête pour porter les blocs de glace en haut
du talus, c’est fini, je suis une fille de la ville, je connais le commerce
et, l’argent, je sais où il est et ce
qu’il faut faire pour le prendre. » Marthe n’est pas si avancée dans la
carrière mais elle prend le chemin de Maria, le bon chemin.
A suivre.
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