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jeudi 24 janvier 2013

Sur les traces du diable de Montchat - 3



Ce petit tour de Montchat se termine là où il a commencé, sur la colline où se trouve le parc de Chambovet. Ce parc fut la propriété de la famille Tavernier jusqu’en 1968. René Tavernier, philosophe et poète, père du cinéaste, s’y réfugia pendant la guerre. Il dirigeait la revue Confluences. Résistant, il organisait des réunions dans cette demeure et y accueillit Elsa Triolet et Louis Aragon jusqu’en 1943. C’est là que ce dernier écrivit « il n’y a pas d’amour heureux ».

Photo Jacques Morize
Racheté par la ville en 1968, ce domaine devient parc public pour partie et accueille des jardins ouvriers dans sa partie basse. J’ai lu que ce parc était planté de 300 arbres d’espèces variées, parfois rares et exotiques. La photo ci-dessous, prise à la fin d’une journée tristement hivernale, reflète ma perplexité. A part quelques cèdres du Liban, je n’ai pas vu ces fameux arbres exotiques. Par ce temps gris et humide, le parc est assez sinistre et j’ai même craint d’y croiser le diable de Montchat !

Photo Jacques Morize
Nous y voilà revenus, à ce diable ! Lorsque j’ai fait une signature à la librairie de Montchat, cours du docteur Long, on m’avait installé dehors, avec une table et une chaise. Du coup, beaucoup de gens s’arrêtaient même s’ils n’étaient pas intéressés par le bouquin. Le côté village, toujours. 


C’est ainsi que j’ai été interpellé par une vieille dame très comme il faut, accompagnée de ses deux petits enfants fringués comme deux bons petits cathos : quelque chose comme pantalon de velours marron et chandail bleu, blonds et bien peignés.

« Pourquoi un diable ? » me dit la grand-mère d’un ton mi-suffisant, mi-agressif. « Moi, j’ai deux petits anges ! ». « Satan n’était-il pas un ange avant d’être maudit par le Seigneur ? » lui ai-je rétorqué. Fâchée, elle a tourné les talons, interrompant abruptement cet échange à haute teneur théologique. Pas de regret, elle n’aurait pas acheté mon sulfureux opus.

Un autre Montchatois m’a abordé ensuite, m’interrogeant sur ce qui m’avait inspiré. Je lui ai parlé de ce violeur qui s’introduisait par les fenêtres, de cette histoire que l’on a tenté de mettre sur le dos de Dominique Baudis, ancien Maire de Toulouse (des parties « fines » au cours desquelles des prostituées auraient été torturées, et parfois tuées), des multiples scandales qui ont frappé les tribunaux de commerce et les syndics de faillite. Lui m’a affirmé qu’un violeur avait sévi à Montchat, un maçon qui s’introduisait chez ses victimes en escaladant les échafaudages des immeubles en travaux. J’ai tenté de vérifier, je n’ai rien trouvé de tel. Toujours est-il que le mystère du diable de Montchat n’en est pas un : j’ai situé l’origine de mon histoire dans ce quartier tout simplement parce que m’y étant perdu à plusieurs reprises lorsque je suis arrivé à Lyon, j’ai été frappé par cet environnement de pavillons niché en pleine métropole. J’y ai transposé ce violeur qui sévissait en région parisienne. Et depuis, je  retourne à Montchat et y tourne toujours avec le même plaisir, même, si comme dans toutes les grandes villes, les immeubles remplacent peu à peu les maisons et les jardins. C’est la vie de la ville.

Par Jacques Morize.

Et maintenant, promenez-vous dans le polar Le diable de Montchat !
Le Diable de Montchat, Jacques Morize, éditions Les Grilles d'Or, 2012




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