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samedi 23 mars 2013

Les hôtes disparus de nos « fleuves » - 1

Promenons-nous dans l'histoire et le vocabulaire... 

Combien de spectacles quotidiens jadis et même naguère, insolites pour nous, ont disparu de nos « fleuves » : chevaux se baignant comme aussi les humains (dans des piscines ou des bêches amarrées voire sans installation particulière), plattes (bateaux où l’on faisait la lessive), bêches et trailles permettant de franchir l’eau, moulins et même morgue de l’Hôtel-Dieu !

De vieilles photographies montrent des chevaux au bain dans la Saône près de l’Ile Barbe ou à Collonges pour les bêtes de Sathonay, dans le Rhône aux Iles de La Pape pour ceux du 14è escadron du train ou face au cours d’Herbouville (Aristide Briand actuel) pour ceux qui hâlaient les trains de grumes descendues de l’Ain et gagnant le port aux bois en amont du pont de la Guillotière. Le plus surprenant est sans doute que l’on ait installé au droit du Grand Dôme de l’Hôtel-Dieu un bain pour les chevaux entouré d’une grille sur 50 mètres de bas-port et 20 mètres de large vers le lit fluvial, si robuste qu’elle a résisté à bien des crues, destinée aux animaux des charretiers et cochers de fiacres à qui venaient parfois disputer la place des chienchiens à leur mémère ! 

Les humains pouvaient-ils profiter du bain ? Longtemps cette pratique fut interdite : les ordonnances de police du XVIIIe siècle avaient fixé le tarif des amendes à 150 francs … mais garçons de plattes, modères (membres de la corporation des Modères ayant le privilège de la « remonte » des bateaux dans Lyon) et ouvriers passaient outre. En 1932, Pétrus Sambardier déplorait que la ville n’ait pas de grande piscine publique car depuis 1920, la mode de la natation (la première piscine de Grenoble, boulevard Gambetta, fut baptisée « Bains de natation ») gagnant les classes moyennes et même aisées, les bains en Saône avaient fleuri : sans façon à l’Ile Barbe, dans des piscines à Vaise et quai Pierre-Scize, dans les bassins de sociétés féminines quai Saint-Vincent, dans les grands bassins installés en amont du pont du Change, dans cinq ou six piscines sises entre ce dernier et le pont Tilsitt, dans autres entre celui-ci et le pont Kitchener et sans aménagement particulier quai des Etroits. Ces piscines étaient désignées sous le nom de « bêches » en parler lyonnais. On avait même installé en 1856 rive droite du Rhône entre les quais Saint-Clair et de Retz des bêches fermées de style parisien gérées par une famille de « baigneurs », les Marmet (elles ne résistèrent pas à la crue de 1888) car, lors de la démolition du pont de pierre l’année précédente, la police avait interdit les bains en pleine Saône : les gones plongeaient depuis les toits des maisons ou commerces bâtis sur ce pont dans le passage de « la Mort-qui-Trompe » devant son nom au danger qu’il présentait tant pour les baigneurs que pour les mariniers qui tiraient leur bateau « à force coups d’épaules sur la bricole leur ceignant la poitrine, attachée à un filin fixé au quai » ou à l’enseigne d’un café de la rive qui représentait un squelette soufflant dans une trompette ! 

Les toute premières plattes (bateaux-lavoirs amarrés) furent installées sur les « fleuves » au milieu du XVIè siècle mais ce n’était guère que des bancs à laver flottant. La première vraie platte fut mise en place par les tout jeunes Hospices Civils de Lyon en 1810 devant le Grand Dôme de l’Hôtel-Dieu et les sœurs y avaient accès par un souterrain vu qu’il n’y avait pas encore de quai. L’essor de ce type d’établissement fut rapide à partir de 1840 d’autant qu’apparurent en 1860 les plattes à chaudière. Il y en eut jusqu’à 110 sur les deux « fleuves » mais la concurrence des robinets amenant l’au sur les éviers privés fit chuter ce chiffre à 14 en 1936 (9 sur le Rhône et 5 sur la Saône).

A suivre.
Par Pierre Cœur.



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